L'un des principaux intérêts de ce film, on ne peut le nier, est sa description malsaine de l’ambiguïté des individus, du caractère sexuel équivoque des personnes. Que l'on soit dans un milieu catholique pratiquant ou faisant partie de la haute bourgeoisie parisienne, les "déviances" refoulées sont toujours présentes. "La honte n'est pas un sentiment assez puissant pour empêcher quelqu'un de faire quelque chose". Cette phrase de Isabelle Huppert résume tout à fait la situation. A travers plusieurs scènes "chocs", Verhoeven dépeint cette attirance envers la violence sexuelle et les mises en scène "douteuses" et met également en exergue le goût de l'adultère. Cette thématique était donc propice à l'installation d'une tension et d'une atmosphère palpable, indispensable à ce type de film, mais...


Mais malheureusement, toute cette tension crée au fur et à mesure du film est sans arrêt gâchée par de nombreuses scènes soient inutiles, soient relevants de la mauvaise comédie. Toute la tension crée lors d'une scène de viol se voit gâchée par des scènes triviales d'achat d’appartement ou de disputes amoureuses entre deux jeunes. La naissance de l'enfant de Vincent et sa copine est digne d'une comédie de bas-étage et, à mon sens, n'a pas sa place dans un thriller tel que "Elle". La connerie monumentale de Vincent est tellement ridicule que certaines scènes deviennent risibles et gâchent le côté subversif du film. De même, le côté hyper caricaturale du personnage de Virginie Efira est un choix désolant et ne fait que casser le rythme du film. Pourquoi avoir voulu la présenter aussi niaise ? Au milieu de tout ces petits "sketchs" se voulant comique, l'histoire principal du film se perd et perd fortement en intensité !
De plus, le "foisonnement" de personnages ne permet pas au réalisateur de les rendre chacun intéressant. La plupart sont surfaits et creux, à l'exception bien sûr de Isabelle Huppert qui, pour le coup, est bien développée (heureusement).


Ainsi, oscillant entre un thriller subversif et une mauvaise comédie, le film ne parvient pas à se tenir à son propos de départ en multipliant les histoires annexes aux intérêts discutables. Verhoeven, ici, signe un film bancal qui ne sait pas trop où il va.

Fat_Old_Sun
4
Écrit par

Créée

le 6 juin 2016

Critique lue 570 fois

6 j'aime

5 commentaires

Fat_Old_Sun

Écrit par

Critique lue 570 fois

6
5

D'autres avis sur Elle

Elle
Velvetman
7

Désir meurtrier

Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...

le 26 mai 2016

106 j'aime

14

Elle
mymp
5

Prendre femme

Évidemment qu’on salivait, pensez donc. Paul Verhoeven qui signe son grand retour après des années d’absence en filmant Isabelle Huppert dans une histoire de perversions adaptée de Philippe Djan,...

Par

le 27 mai 2016

88 j'aime

6

Elle
pphf
5

Dans le port de c'te dame

On pourra sans doute évoquer une manière de féminisme inversé et très personnel – à peine paradoxal chez Verhoeven : on se souvient de la princesse de la baraque à frites dans Spetters, qui essayait...

Par

le 3 juin 2016

74 j'aime

20

Du même critique

Martyrs
Fat_Old_Sun
7

Balade en terre de Souffrance

Le cinéma d'horreur français n'est pas un genre très prolifique, c'est le moins qu'on puisse dire. Très différent et souvent éclipsé par son homologue américain, ce sous-genre est pourtant garant...

le 2 sept. 2016

12 j'aime

12

Sheitan
Fat_Old_Sun
3

"Wallah j'vais l'marave sa mère à c'fils de pute"

Audiard s'en retourne dans sa tombe... car ce type de répliques, le film en est perclus. Caché derrière un pseudo-réalisme voulant rapprocher le film de ces (jeunes) spectateurs, le dialogiste a...

le 3 août 2016

11 j'aime

2

Braindead
Fat_Old_Sun
9

Avis aux amateurs de gore et de délirant

Braindead, c'est quoi ? C'est tout simplement une perle gore, jusqu'au boutiste dans son délire et complètement loufoque. Poussant le sanglant jusqu'au raz-de-marée d'hémoglobine (notamment la scène...

le 28 mars 2016

9 j'aime

2