Basic Instinct, la suite. Enfin

parce que Basic Instinct 2, c’était clairement du foutage de gueule


Sorti il y a quelques semaines et présenté en sélection officielle au festival de Cannes, Elle possède beaucoup de similarités avec le plus ancien et déjà cité Basic Instinct. Plutôt que de vous parler du premier, on va s’amuser à mettre en regard les deux films : avec un peu de chance, vous regarderez les deux pour vérifier que je ne dis pas de bêtises.
Les deux peuvent être qualifiés de thrillers érotiques. Dans le premier, une écrivaine soupçonnée du meurtre de son amant séduit le policier chargé de l’enquête. Dans le second, une dirigeante de studio de jeu vidéo se laisse envouter par un mystérieux homme cagoulé qui entre par effraction chez elle pour la violer. Ça, c’est pour l’intrigue.
Et vous l’aurez compris à la lecture des pitch, la première chose qui frappe c’est l’évolution de la conception de l’érotisme en un peu plus de vingt ans. Là où Basic Instinct était subtil, tout en suggestion, en invitations et en caresses, Elle est trash, explicite, bruyant et violent. Les scènes d’ouverture respectives devraient suffire à vous en convaincre. En outre, quand dans Basic Instinct il y avait un couple clairement défini, Elle multiplie les relations érotiques et laisse planer le doute sur l’identité de l’agresseur masqué, donc de l’amant. Je ne sais pas si l’évolution décrite est celle de la société de manière générale, partant d’un érotisme envoutant et attentionné pour aller vers une sexualité dévergondée et en recherche de sensation, mais c’est en tout cas la trajectoire que propose le réalisateur. Cette opposition dans la conception de l’acte sexuel est soulignée par les métiers des personnages principaux. Catherine (Basic Instinct) est écrivaine – la description lente, progressive et minutieuse, donc – tandis que Michelle (Elle) participe avec l’industrie des jeux vidéos, à la diffusion d’une culture de l’instantanée, du combat et du fantasme (quelques scènes mémorables du dernier film me reviennent en tête…).
D’autre part, les héros de Elle ne sont plus de jeunes trentenaires (Sharon Stone et Michael) mais plutôt de quinquas bien avancés aux désirs déjà évolués. C’est donc aussi des environnements différents qui sont décrits, ce qui peut constituer une autre explication (si besoin est) à l’évolution des moeurs. Basic Instinct était de loin une proposition cinématographique plus agréable, mais Elle est beaucoup plus incisif dans la description de la relation qu’entretien notre société avec le sexe.
Concernant les acteurs, je ne trouve personnellement pas Isabelle Huppert particulièrement convaincante dans son rôle certes compliqué (il faut dire que ce n’est pas facile de passer après Stone), mais les nombreux acteurs secondaires sont parfaits (à l’inverse, je n’avais pas trouvé le Michael Douglas de Basic Instinct très à l’aise dans son personnage de détective). Mais ça n’engage que moi.
Pour finir sur les évolutions visibles, on notera l’omniprésence du thème de la vie, de la mort et de la transmission dans Elle – thème à ma connaissance nouveau chez Verhoeven – avec la présence de tous les âges de la vie, pas forcément directement liée à l’intrigue principale mais loin d’être dénuée d’intérêts. Et on saluera également les innovations que montre encore le réalisateur dans son cinéma avec l’utilisation pleine de maitrise des images numériques : pixellisation, cinématiques baroques de mauvaises qualité, … qui parvient à les insérer très naturellement dans la trame globale.

tmt
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le 7 juin 2016

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