Elle et Lui, entré dans la légende moderne grace à "Nuits Blanches à Seattle", est un très beau mélodrame de Leo MacCarey, remake de son propre fim de 1938 avec Charles Bloyer et Irene Dunne qui est excellent aussi mais plus dramatiquement tourné, étant encore influencé par le cinéma muet et qui ne bénéficie pas du glorieux Technocolor.
Cary Grant et Deborah Kerr trouvent ici des rôles à leur mesure, simples en apparence, mais très profonds et très finement joués.
J'aime ce film, je ne sais pas si ça se sent.
Nicky Ferrante, jet-setteur italo-franco-américain rentre d'Europe pour épouser une riche héritière américaine. Pendant tout le début du film, rien n'est précisé sur la profession du charmant Nicky, mais il ne travaille pas, reçoit des cadeaux très chers de la part de femmes et puis c'est tout. Un gigolo donc, un gigolo classe et bien élevé reçu par toute la bonne société mais un gigolpinse néanmoins. Nicky est guetté par tous sur le bateau, en particulier les femmes, et c'est là qu'il rencontre Terry McKay, jeune femme retournant de son voyage en Europe pour rejoindre son amant, qui l'entretient sur un grand train.
Nos 2 héros ne sont donc pas ce que l'on peut appeler des modèles moraux pour la société, en tout cas celle des années 50. Ils vivent dans le pêché, figurez vous. Mais, comme tout le monde l'a compris, ils vont trouver leur rédemption dans l'amour.
Après un peu de badinage et beaucoup de légèreté, nos tourtereux décident de se retrouver 6 mois après l'arrivée du bâteau en haut de l'Empire State Building, s'ils sont toujours amoureux, et prêts à laisser leur vie de luxe et de facilité derrière eux.
Mais...... c'est la que le drame commence et que le mélodrame se dénoue.
Ce film touche au coeur tout droit et sans détour. C'est une belle histoire d'amour et de sacrifice (un peu idiot), d'honneur aussi et de reconstruction.
Nos deux héros, si peu conformes aux normes sociétales frustrantes de l'époque, sont vifs et pleins d'humour, charmants et légers mais sont aussi poignants et pleins de bons sentiments. Ils ne deviennent pas inintéressants quand ils laissent tomber leur vie de vice (encore qu'elle et sa chorale d'enfants des quartiers défavorisés, ça fait beaucoup mais Deborah Kerr est tellement bonne et fine dans son jeu qu'on survit à l'avalanche de bons sentiments).
Leo MacCarrey refait son propre film certes, mais il le met aussi au goût du jour, ses images sont belles et colorés, parfaitment composées et il sait comment filmer une histoire d'amour naissante entre coursives de bateau, petite fenêtre dérobée et escaliers d'entrepont.
Cary Grant est parfait. Il est à l'aise en diletante charmant, en bon à rien plein d'humour. Le rôle est fait pour lui et il est fait pour le rôle.
Deborah Kerr est comme à son habitude impeccable entre classe innée et humour ravageur.
On notera que les anciens amants respectifs sont des personnes biens, des personnes positives dans la vie de nos héros, ils ne sont juste pas la bonne personne. On ne les oublie pas et on ne les vilifie pas non plus pour justifier la rupture.
La musique est parfaite et charmante comme le film.
Un beau mélo à l'ancienne avec ce zeste d'humour très classe et suranné.
Une belle réussite du genre.