Elle et lui
7.5
Elle et lui

Film de Leo McCarey (1957)

Quand on connait la réputation d'Elle et lui, on s'attend à l'une des plus belles histoires d'amour qui soit au monde...

Hélas, ce n'est pas tout à fait le cas. Pourtant, tout dans ce film le permettait...L'histoire, devenue une référence en matière de romance (qu'on ait vu le film ou non, la référence de l'Empire State Building a été utilisée par la suite à de nombreuses reprises). Les acteurs, le charme de Deborah Kerr et la classe inébranlable de Cary Grant. Alors pourquoi, pourquoi est-ce que ça n'a pas totalement fonctionné ?

La vérité, c'est que dans ce film il y a de tout : le contraste entre les différentes scènes est tel que le résultat global est difficile à juger. On est tantôt tout à fait sous le charme, tantôt atterrés à la vue de certaines scènes. On passe ainsi de la niaiserie la plus totale (excusez le vocabulaire sans doute un peu excessif...mais les scènes où les enfants chantent - et où Deborah dirige ! - je ne trouve pas manière de le dire autrement) à l'émerveillement absolu !!

Ce ne sont là que des exemples, mais des passages d'un extrême à l'autre il y en a tout au long...Et dans un même film, ça donne des transitions particulièrement laborieuses. Le tout manque donc de cohésion, d'unité, ce qui le rend difficile à suivre avec une attention de qualité égale à chaque moment, et qui met le plaisir du visionnage un peu en pointillés.

Loin de la hauteur de l'Empire State Building... Ou sans aller jusque là, si l'on ne gardait que des moments comme l'arrivée au port (les passagers tournant la tête de l'un à l'autre, la joie feinte de retrouver son compagnon respectif...cette scène est fantastique !), le premier baiser dans les escaliers (très très beau moment !)...Si toutes les qualités de ce film n'étaient pas entachées par des scènes qu'on pourrait qualifier de "faciles"... (enfin avec des "si", on referait le monde...)

Et puis, aussi et surtout, parce qu'il faut bien finir quelque part et qu'au fond c'est dans la logique des choses, si le tout le film faisait honneur à sa fin. Cette fin est MER-VEI-LLEU-SE, et aucun autre terme ne semble approprié face à un tel bijou. Pour faire simple, si le film était au même niveau que ces dix dernières minutes, je lui mettrais 10 sans hésitation aucune, et il figurerait inévitablement dans le top de mes histoires d'amour favorites.

Ces derniers moments sont de toute beauté, il est d'ailleurs difficile d'expliquer pourquoi tant ce que cela nous fait ressentir est indescriptible, intérieur et profond. Cet éclair de compréhension dans les yeux de Cary Grant est magnifique, simplement magnifique. Les larmes montent presque, larmes de joie et de bonheur intense.
Loin d'être conventionnelle, cette fin -qui peut-être peut sembler à première vue assez banale- a un charme fou, absolu, indéniable et inqualifiable.

Alors oui c'est une déception, car force est de constater que ce film avait un potentiel, un énorme potentiel. Et les quelques très bons moments mis à part, on garde à l'esprit ce goût amer qui vient souvent quand on avait de grandes espérances, de très grandes espérances.
emmanazoe

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