An Affair to Remember

Leo McCarey a réalisé en 1957 le remake du film qu'il avait tourné lui-même en 1939. Je n'ai vu qu'une fois ce dernier il y a très longtemps et ne m'en souviens pas vraiment. Voici des années que je me dis qu'il faudra bien que je me le procure pour savoir pourquoi il a éprouvé le besoin de le refaire.

La version de 1957 est superbe. En VF et en VO. Ce film fait partie des vingt meilleurs films que j'ai été amené à voir de tous temps.

Et pourtant, chaque fois, avant de démarrer un nouveau visionnage, je me fais toujours la même réflexion sur l'attitude et le jeu de Cary Grant très superficiel du début du film.
Mais cela ne vaut que jusqu'à ce que le scénario (de Delmer Daves !) permette enfin de percer la cuirasse de l'acteur et alors tout devient lumineux et merveilleux. Et justement, le génie du cinéaste c'est de présenter un Cary Grant en un play-boy international délicatement bronzé et disons-le, beau à tomber (les nanas). Un Cary Grant qui se protège par un sourire de façade, un badinage de bon aloi et une politesse exquise. Un Cary Grant que saura percer à jour une discrète mais déterminée Deborah Kerr.

L'histoire est une histoire d'amour pure et dure entre un homme Nicolo (Cary Grant) et une femme Terry (Deborah Kerr) qui se rencontrent sur un paquebot en partance pour New York. Rien d'autre. Tout semble séparer ces deux êtres. Ils sont engagés l'un et l'autre et au bout du voyage, doivent retrouver leurs fiancée et fiancé. Lui a une solide réputation de tombeur de filles et un cœur d'artichaut, elle est chanteuse de cabaret et est plutôt discrète et romantique.

Nicolo va profiter d'une escale du bateau à Villefranche pour rendre visite à sa grand-mère. Par jeu, Terry l'accompagne et là, le miracle s'opère, les masques tombent dans une scène absolument magnifique, superbement mise en scène, où la grand-mère va être la main du Destin, l'artisan du lien indissoluble qui va désormais lier Nicolo et Terry.
Le rôle de la grand-mère est tenu par Cathleen Nesbitt. Peut-être le rôle de sa vie. Pas de baratin superflu mais des gestes délicats, des regards pénétrants, beaucoup de douceur et surtout, surtout une foi incroyable dans la vie et dans la force de l'amour.

Dans "Elle et lui", Leo McCarey joue le mélange des genres entre la comédie (les jeux de la séduction, la relation publique), la comédie romantique (la relation forte et l'engagement) et le drame. Et ça marche bien. Ce mélange des genres évite l'écueil du pathos ou encore de la mièvrerie. Une scène grave ou dramatique sera suivie d'une scène beaucoup plus enjouée permettant un relâchement de la tension. La dernière scène est chargée d'une émotion intense mais contient aussi ses petits instants de détente.

Il faut souligner dans ce film la place importante de la musique et de la chanson. Il y a bien sûr la belle chanson du générique "A love affair to remember" mais il y a aussi les chansons que chante Deborah Kerr en particulier celle qu'elle chante avec la grand-mère. Et puis il y a celles des enfants de la chorale qu'elle anime qui sont une parenthèse sympa alors qu'on est en plein drame.
Dans la dernière scène, la musique s'invite tout en douceur et en discrétion pour porter l'émotion au paroxysme.

Un film inoubliable.