« Rien n'embellit autant une femme que la tristesse. »
Il y a un parti pris majeur dans ce film que l'on retrouve du début à la fin : celui de tout dire sans rien montrer. Ou plutôt, de tout suggérer. Car c'est une oeuvre silencieuse, lente, qui se contemple souvent sans paroles, sans regards. Le réalisateur a décidé de prendre le contre-pied de ces films porteurs de sujets aussi lourds. Il se concentre sur la reconstruction, le flou, sur le deuil d'un événement qui change une vie à tout jamais.
La pédophilie et l'inceste sont le centre de tous les maux de l'héroïne, qui peine à se faire à l'idée que sa vie est devant elle. L'histoire se concentre uniquement sur la tristesse du personnage principal, sa difficulté à fonder quoique ce soit dans sa vie, son manque de confiance permanent vis à vis de ses proches.
La bande originale est soignée et sobre, tout comme ce film qui manque toutefois de punch et de charisme. Répétitif et très, très stéréotypé, il n'évite pas les clichés et on devine aisément toutes les phases de son processus pour redevenir quelqu'un. En cela le film est réaliste, peut-être même un peu trop, des soupçons sur son frère jusqu'à son nouvel appartement dont elle ne monte pas les meubles parce que sa vie est un tas de ruines en passant par son couple et son rapport au sexe très désaxé. De plus, bien que l'actrice principale tienne la barre correctement, le jeu de la mère est catastrophique, ce qui décrédibilise certaines scènes pourtant intéressantes.
Le sujet est toujours difficile à traiter et même si le tout semble assez superficiel, on regarde "Elle ne pleure pas, elle chante" avec émotion et retenue. Un petit film à voir, sans prétention.