Considérés aujourd'hui comme le dernier peuple autochtone d’Europe, les Samis continuent de lutter pour leur survie. Dans Let the River flow, le réalisateur norvégien Ole Giæver s'intéresse plus particulièrement à l'année 1979, au cours de laquelle le gouvernement, dans son projet de barrage sur les terres des Samis, se heurta à une forte résistance de la part d'une communauté composée de citoyens considérés "de seconde zone" depuis longtemps. Le film aborde le sujet à travers le personnage de fiction d'Ester, enseignante, qui cache ses véritables origines, avant de prendre conscience que cette honte qui l'oblige à mentir s'oppose à sa véritable personnalité. C'est donc d'une conversion plutôt classique dans cette catégorie du film "militant" que nous parle Let the River flow, ne pouvant que susciter notre immédiate sympathie et colère contre les excès colonisateurs de la Norvège. Sans être totalement binaire, avec l'attitude raciste et méprisante d'une grande partie de la population, le film déroule son récit de manière presque programmatique, avec puissance, mais qui aurait peut-être pu s'accompagner de davantage de nuances. A cet égard, le personnage du cousin d'Ester, son mentor pendant un temps, est sans doute le plus percutant de tous. Il n'a malheureusement qu'une place réduite dans ce film qui constitue par ailleurs une belle ode à la nature, objet de respect du peuple sami, et qui ne cesse d'être exploitée par l'appétit des humains.