Elmer Gantry - Le Charlatan par Gondebaude

Richard Brooks signe ce petit chef d'œuvre en 1960, avec la toujours merveilleuse Jean Simmons mais également la présence flamboyante et le cabotinage génial de Burt Lancaster. À la base, le sujet du film ne me passionnait pas. En effet, plus de 2h sur des prédicateurs religieux, je n'étais pas emballé. Puis j'ai vu le casting et aussi la bande-annonce. J'ai alors été intéressé au point d'être impatient que le film débute. Et je n'ai pas été déçu ! Il s'en passe des choses en deux bonnes heures, devant lesquelles j'ai été scotché, passionné, totalement dans le film et son histoire. Qu'elle est-elle, d'ailleurs, cette histoire ? Burt Lancaster joue un vendeur plein de bagout, Elmer Gantry, qui, au début du film, par cabotinage, convainc les gens du bar dans lequel il était de donner de l'argent à une sœur, qui en recherchait pour une quelconque œuvre caritative. Sa prestation est remarquée et certains lui disent qu'il fait penser à un pasteur. L'idée trotte certainement dans un coin de sa tête par la suite. Jean Simmons, quant à elle, tient le rôle d'une prédicatrice religieuse : sœur Sharon Falconer, qui cherche à évangéliser les fidèles. (Vous savez, le genre de prédicateur qui se tient dans une tente et qui parle aux gens à grands renforts de miracles et de punitions divines.) Mis à part qu'elle, c'est une prédicatrice qui veux le bonheur des gens, elle ne passe pas leur temps à leur dire que l'enfer les attend, au contraire elle absous les gens de leur péchés, c'est ce qui fait qu'elle est plutôt aimée. Mais voila, la tente n'est jamais très remplie, ce qui est un problème. C'est là qu'Elmer Gantry entre en scène. Il assiste à une prédication de soeur Sharon et tombe fou amoureux d'elle. Il décide donc de s'engager à ses côtés pour prédiquer avec elle. Avec son franc-parler, ses prestations peuvent être spectaculaire, il a réponse à tout ! Le rêve était ainsi réalisé, beaucoup plus de gens venaient. Mais la suite prouvera que cela ne durera pas longtemps. Le film est plein de rebondissements et est une mine de plaisir inexorable. La bonne humeur de Burt Lancaster est communicative et le talent de Jean Simmons fait le reste !

Qu'est ce qui ressort de ce film ? À part une bonne humeur inattaquable, beaucoup de points positifs. (Encore que, le cabotinage excessif de Burt Lancaster peut en agacer plus d'un, j'en suis conscient !) Tout le film est mené tambour battant et le sujet, qui au départ me barbait, est devenu passionnant. On pourrait s'attendre à une vision à la Jesus Camp. Mais en fait, cet extrémisme chrétien propre aux USA, qui prend des formes assez repoussantes est à l'opposé de la bonne humeur et de l'angélisme de soeur Sharon. Un parallèle peut être fait avec Un homme dans la foule, d'Elia Kazan. Les deux personnages principaux étant des charlatans, qui sont montés au sommet de la gloire avant d'en redescendre brutalement. Bien que pour ce film, le personnage était un odieux salaud qui méprisait les gens, tandis qu'ici Elmer est plutôt un gentil imposteur. Autre chose pourrait en agacer plus d'un : ce sont les passages chantés, tout au long du film, par la foule de fidèles et les prédicateurs. Et bien, j'ai trouvé ces passages rafraichissants et très agréables à l'écoute, je me suis même surpris à fredonner !

On peux également louer le fait que Richard Brooks aurait pu verser dans le mélodrame dégoulinant. Et bien non, pas du tout, cela est traité finement et surtout au second plan puisque la motivation de Gantry est connue du personnage et du spectateur seulement, rien de plus. Cela ne rend le film que plus agréable.