Enième restitution cinématographique de l'histoire d'amour absolu et exclusif. Ce qui surprend - outre l'admirable restauration dont il a fait l'objet - c'est l'extrême modernité plastique de ce film que l'on peine à croire daté de 1967. Un peu comme si l'univers visuel du "Picnic à Hanging Rock" de P. Weir croisait l'oeuvre d'Ingmar Bergman, les considérations philosophico-métaphysiques en moins, voyez ?
Le métrage adapte un vieux récit du folklore historique suédois du XIXe siècle, très populaire en ces contrées (l'intense relation interdite entre un jeune soldat déserteur et une belle équilibriste de cirque) : raffinement de la mise en scène, accompagnement musical idoine (oui, Mozart...), superposition de temporalités (présent du récit et flash-backs explicatifs), unités de lieu bucoliques et champêtres confèrent à l'ensemble une vision édénique.
Dit comme ça, on pourrait s'attendre à un film niais, mais l'écueil du cliché et de la redite est habilement évité et le spectateur se laisse emporter par cette belle et tragique histoire qui - depuis Tristan et Yseult, ou Roméo et Juliette - nous a été mille fois contée, mais dans laquelle on se laisse entraîner avec délectation.
Pour ma part, la très agréable découverte d'un cinéaste suédois talentueux.