Des choses gentilles à dire sur ce film :
Quelle heureuse coïncidence. Alors qu’elle a quitté son boulot suite à un conflit avec son nouveau patron et voit ses plans de reconversion du côté de Las Vegas compromis faute de thunes, Elvira (Cassandra Peterson) apprend le décès d’une riche aïeule. Bien motivée par un rêve qui fait de la lecture du testament une remise de gros lot d’émission télé, l’ex-animatrice télé prend la route vers la bourgade de sa grand-tante. Et finit par y foutre naturellement un joli bordel.
Et il fallait au moins ça pour que le personnage d’Elvira puisse vivre en dehors de son émission de télé. En effet, avant d’être l’héroïne de deux films, Elvira animait, au début des années 1980, l’émission Elvira’s Movie Macabre dans laquelle elle présentait/commentait des films d’horreur. Héritière de Morticia Adams dans son apparence de sex symbol gothique, Elvira s’en démarquait par l’utilisation d’un humour souvent plus frontal et régulièrement en dessous de la ceinture.
Devenue quelques années plus tard un personnage emblématique du petit écran, Elvira a, en plus de sa popularité, suffisamment d’atouts pour constituer la base d’un long métrage : look reconnaissable (une tenue qui laisse voir les meilleurs morceaux comme elle le dit, référence d’abord aux marques laissées par des blessures de jeunesse) auquel répond une personnalité marquée, interprète investie, univers défini... D’autant qu’il y a un précédent avec Pee-wee Herman, dont les aventures étaient portées sur grand écran en 1985 par Tim Burton. C’est d’ailleurs vers lui que s’est tournée Cassandra Peterson pour la réalisation du film consacré à son personnage. Retenu sur Beetlejuice, il déclinera l’invitation. Et c’est bien dommage... ce qui manque justement à Elvira, maîtresse des ténèbres c’est une vraie vision d’auteur comme Burton pouvait en avoir à cette époque.
Le scénario s’en tient aux facilités d’usage. Côté choc des cultures, la personnalité et le physique d’Elvira sème le trouble dans la petite communauté réac, les femmes sont jalouses, les hommes suivent même si le décolleté de la vamp ne les laisse pas insensibles tandis que les ados, à son contact, s’émancipent ou perdent gentiment la tête. Côté tradition fantastique, Elvira se découvre héritière d’un puissant pouvoir et doit affronter son oncle Vinny (William Morgan Sheppard), sorcier aussi ambitieux que maléfique. La réalisation est à l’avenant : aucune folie formelle malgré quelques idées/délires sympas qui vont de la création fortuite d’une bestiole lors de la préparation d’un repas à une fin où la foule en colère sort les fourches, les torches et va jusqu’à installer un mini-bûcher pour le chien d’Elvira, en passant par la transformation d’un pique-nique prout-prout en orgie.
C’est fun mais très inégal, ce qui n’empêche pas le film de remplir son contrat. Elvira, maîtresse des ténèbres était un écrin pour Elvira et effectivement, tout l’intérêt de Elvira, maîtresse des ténèbres tient en un mot : Elvira. Le personnage y est bien mis en valeur et se situe dans le prolongement de ce que l’émission laissait voir... une Elvira macabre mobile complète d’ailleurs le délire.
Cassandra Peterson maîtrise son personnage, traité ici avec tendresse et avec juste ce qu’il faut de dérision pour renforcer l’aura sympathique dont elle jouit déjà. Ténébreuse et solaire, Elvira joue comme beaucoup de sex symbols féminins sur une image double, dégradante pour certains, forte et émancipatrice pour les autres, donne dans la provocation, fait de ses nichons une arme, au point de les utiliser comme pied de biche pour écarter les barreaux d’une clôture en fer forgé, mais utilise plus facilement encore son esprit. Elle apparaît comme une fausse nunuche, susceptible de se montrer confondante de naïveté, vénale en mode bon enfant, mais maniant le verbe d’une manière redoutable... Le personnage est du reste plutôt bien servi par des dialogues et des calembours à la con généralement savoureux dont témoigne cet échange qui suit un coup qu’elle a reçu sur le crâne :
— How’s your head ?
— I haven’t had any complaints yet
[pour les non anglophone, « head » désigne à la fois la tête mais plus familièrement une pipe, Elivra faisant glisser le mot et la phrase de son intérêt amoureux qui s’inquiète de sa santé d’un sens vers l’autre].
Tout ne fonctionne pas mais l’accumulation de matériaux et la malice dont joue Cassandra Peterson arrivent à tout faire passer. Et c’est là que le film montre que si Cassandra Peterson a, c’est vrai, une paire de loches à faire plier les barreaux en fer forgé, il révèle aussi que l’actrice a les épaules sacrément solides, suffisamment pour tenir un film en entier en tout cas.
Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film
Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/elvira-maitresse-des-tenebres
Ou sinon, je regarde juste les 56 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool
Personnage > Agissement
À voix haute > Lit ou fait la lecture – Bagarre > Fracasse une bouteille sur le crâne d’un type – Bagarre > Coup dans les couilles (ouch !) – Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! » – Passion > Fait preuve de jalousie ou de rivalité féminine – Stylé > Garde un peigne sur lui pour se recoiffer en toute circonstance – Super pouvoir > Use de son charme féminin sur un flic
Personnage > Interprétation
Regard incrédule
Personnage > Méchant·e
Mégalo > Mwahahahaha ! (rire théâtral)
Réalisation
Démarre sur les chapeaux de roues – Grammaire > Passage musical – Habillage > Placement de produits – Mise en scène > Moment wahouuuuu (émerveillement) – Reconstitution de souvenirs, récit, accompagnés d’une voix-off – Rêves ou souvenirs introduits par un effet de distorsion ou encadrés par des contours flous et/ou accompagnés d’un drouing de harpe – Technique > Plans utilisés plusieurs fois – Technique > Pluie artificielle artificielle
Réalisation > Accessoire et compagnie
A une plaque de voiture personnalisée – Ambiance > Machine à fumée sur-exploitée – Ambiance > Pas de rituel sans un millier de bougies minimum – Mobilier > Porte dérobée
Réalisation > Audio
Bruit exagéré > Accessoire – Bruit exagéré > Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps – Effet > Son de disque rayé (distorsion) – Musique > Saxophone sexy – Woosh > Objet jeté au ralenti
Réalisation > Surprise !
Faux suspense !
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Boîte à gants pleine de contraventions – Calembour – En fait des caisses (personnage) – Gag avec un animal – Gag cartoonesque > Sautille après avoir reçu un coup au pied/au tibia – Pipi, caca, prout – Quiproquo de situation – Ronflements – Voix Tic et Tac
Scénario > Contexte spatio-temporel
Cimetière
Scénario > Dialogue
À voix haute > Se parle – Foule en colère – Sous-entendu sexuel – Stylé > Vanne sur la mauvaise haleine
Scénario > Élément
Référence (grossière) à la culture populaire – Titre du film énoncé dans le film
Scénario > Ficelle scénaristique
A hérité d’un château, d’une vieille maison, etc. – Cauchemar > Se réveille en hurlant/en sueur/en sursaut – La chatte à Mireille
Scénario > Situation
Bagarre > de bar – Bagarre > S’écrase sur une table pendant une bagarre – Piégé·e dans une impasse
Thème > N’importe quoi
Carton-pâte > Licence audio-visuelle
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Objectification sexuelle > Reluque une femme – Objectification sexuelle > Tenues légères – Objectification sexuelle > Travelling pied/tête sur une femme – Outrage sexiste > Remarque appuyée sur le physique d’une femme jugé avantageux
Thème > Testostérone
Pulsion sexuelle masculine – Passion > Pulsion sexuelle féminine
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Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais