Partant avec les pieds de plombs à cause du style particulier de Baz Luhrmann et du manque de connaissances sur cette icône du rock, le long-métrage m'a finalement totalement, ou presque, comblé. Le film ne s'adresse pas tant aux fans hardcore d'Elvis mais davantage à ceux qui ne connaissent que superficiellement la star. Le traitement du personnage, campé par un Austin Butler irréprochable, n'est pas aussi artificiel que pouvait l'être Freddie Mercury dans le biopic bancal et survolé qui lui était consacré. Ici, le réalisateur australien prend son temps, l'oeuvre affichant 2h40 au compteur mais n'ennuie jamais et au contraire passionne tout le long. Cette gestion de rythme est impeccable, d'autant plus qu'"Elvis" est clairement scindé en deux parties: Une première plus électrique, plus speed, plus "Baz Luhrmann" en soi mais dont le montage, s'avère pour une fois, en adéquation totale avec la montée en puissance et la vie à 200 à l'heure du rockeur. La seconde, plus calme, plus posée mais pas inintéressante pour autant, entame progressivement la descente aux enfers de l'icône jusqu'à sa mort.
Si le film a le potentiel de décrocher quelques oscars, il n'est cependant pas exempt de tous défauts. Les 45 premières minutes souffrent des tics de montage sous coke de Luhrmann, ce qui est ici approprié mais peut constituer un défaut -on aime ou on aime pas après tout- et quelques musiques contemporaines hors sujet (et horribles) viennent ternir le tableau. Même si le film prend son temps et dévellope beaucoup de pans de la vie d'Elvis, il manque certains faits sur le colonel Tom Park, peut-être trop machiavélique et un peu à côté de la plaque. Pour le reste, embarquez et profitez du spectatcle, c'est un excellent biopic. Contrairement à Bohemian Rhapsody, le film ne sera pas si oubliable. Par contre, les deux manquent d'émotion, d'une vraie émotion bien entendu.