Elle vit Elvis

N'y a-t-il pas une erreur dans le titre du film ? Ne devrait-il pas s'appeler Le Colonel plutôt qu'Elvis ? Finalement, le réalisateur ne fait pas grand-chose d'Elvis, qui n'est qu'un pauvre gars tombé entre les griffes d'un vilain manipulateur. On voit les grandes lignes du parcours du King, mais le traitement de Baz Luhrmann en fait un personnage fade. Bien qu'Elvis ait certainement été manipulé, il est difficile de croire qu'il n'avait aucune personnalité. Sa musique a fait souffler un vent nouveau sur l’Amérique et le monde. Elvis a piqué cette musique dans les bas-fonds des ghettos noirs des États-Unis. Dans cette Amérique, Elvis avait l'avantage d'être blanc, contrairement aux autres musiciens de rhythm and blues qui avaient les mêmes accents musicaux. Elvis ne serait qu'un petit singe savant qui ne sait que réagir instinctivement face à un public? Hors de la scène, ce type n'était rien. Il ne vivait que pour la scène ; en dehors de la lumière, Elvis ne savait rien faire d'autre. Évidemment, tout cela est cliché, puisque d'un biopic à l'autre, le parcours de ces gens est toujours le même. Mais c'est justement cela qui les lie : rêver du sommet et l'atteindre sont deux choses différentes. Michael Jackson, Prince, et d'autres ont eu un destin identique, marqué par le succès et la prise de médicaments. L'image de Luhrmann est bonne, mais pour ce qui est de la sobriété de la réalisation, on repassera. Le réalisateur ne sait pas faire autrement que de truffer son film d'effets tape-à-l'œil inutiles et disgracieux. Les décors et les vêtements sont fidèles à l'époque. Il n'y a pas besoin d'en faire plus. C'est la marque de fabrique du réalisateur, oui bon... Le film Elvis n'évoque pas le phénomène musical puisqu'il suit le parcours d'un homme toxique qui enferme son chanteur dans une cage dorée. Cela dit le film lève le voile sur une chose l'amour du King pour les capes. Puisque tous les costumes de l'Elvis de la dernière période étaient affublés d'une petite cape. Alors pourquoi la cape? C'est parce-qu’il se prenait pour un super héros. Elvis est mort à 42 ans bouffie, c'est peut-être la rançon du succès.