Film hyperactif, voire épileptique, Elvis dresse un portrait en méli-mélo total du King. Entre Austin Butler réincarnation de John Travolta et Tom Hanks qui ressemble plus au Pingouin de Batman qu'à autre chose, le duo ne fonctionne pas bien non plus.
À tête reposée, le titre dresse un portrait élaboré du King. Il se focalise uniquement sur sa vie publique, ses troubles sentimentaux avec Priscilla et le divorce, notamment, ne nous regardent pas. Il dresse en outre une intrigue tissée autour de deux problématiques terriblement actuelles. D'une part, l'héritage et la reconnaissance de la musique noire dans sa carrière et plus globalement aux États-Unis. De l'autre, le management toxique du colonel, que l'on peut aisément relier au scandale de la mise sous tutelle de Britney Spears. Cette matière constitue un très beau fil rouge pour Elvis.
Et le résultat aurait pu être grandiose si la réalisation ne s'était pas autant emmêlée les pinceaux. Le faste et le trop plein de Gatsby le magnifique n'était qu'un échauffement pour Baz Luhrmann. Elvis enchaîne les plans nauséeux qui durent rarement plus de 10 secondes et filmés par une caméra qui tangue constamment dans tous les sens. Il ne laisse pas le temps. Pire, il ne veut pas accorder une seule seconde. Deux scènes se supperposent souvent. Lorsqu'Elvis donne un concert, par exemple, nous n'avons visiblement pas le droit d'en profiter. Pendant qu'il se donne sur scène, le film ne peut s'empêcher de le couper toutes les 5 secondes pour raconter autre chose, comme les magouilles du pingouin.
Esthétique, et tout aussi insupportable par moment, Elvis dresse ainsi un portrait survolté du King. Si ses angles d'approche et ses images flattent, les personnages et le montage ne marchent pas. Tout sonne faux, voire caricatural et semble catégoriment refuser que l'on se laisser apprécier la mythique musique d'Elvis Presley.