L'enfant et le feu
Après le miraculeux biopic qu’était Jackie, Pablo Larrain revient avec Ema, une oeuvre difficile à empoigner mais dont la vitalité et la force de fascination l’emportent sur tout le reste. Après...
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le 27 août 2020
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Après Swallow puis Madre, c’est le troisième portrait de femme et/ou de mère en reconstruction qui m’interpelle cette année. Mais contrairement à Hunter et à Elena, protagonistes mutiques et énigmatiques, Ema n’intériorise pas grand-chose de ses troubles ou de ce que d’aucuns penseraient comme tel. Au contraire, tout dans son rapport au monde ne tient que du mouvement, de l’expression, de l’affirmation, de la provocation, de la radiation, voire de la combustion. Et si l’on s’attache au dernier plan du film, ça n’est pas près de s’arrêter.
Pablo Larrain est pourtant pompier (ahah) à bien des égards dans sa manière d’illustrer la vision et l’emprunte de son anti-héroïne sur une société chilienne encore très traditionnaliste. Le film est assez poseur, esthétisant parfois au détriment d’une certaine authenticité et de sa dimension sociale et dramatique. Un exemple qui me vient en tête : le regard caméra vraiment inutile à la fin du métrage. Mais on est bien obligé d'admettre que ce style parfois tape à l’œil, de même que la narration à la chronologie éclatée, épouse très bien la personnalité bordélique et incandescente d’Ema. En cela, le film jouit d’une certaine cohérence, même d’une évidente solidité dans l'articulation de sa scénographie et de sa dramaturgie. Du coup, on en ressort désarçonné, même intoxiqué, mais émerveillé.
A la fois implacable et désordonné, délicieusement amoral, de feu et de glace, tout comme l'action de son personnage principal sublimé par une actrice splendide (Mariana Di Girólamo, superbe découverte), Ema est une œuvre marquante, avec des images qui restent. On ne boudera pas notre plaisir, surtout en ces temps de disette.
Je reprocherais au dénouement d’être un peu trop didactique au regard de l’approche ultra sensorielle et visuelle du film. On aurait pu tout comprendre du « twist » final avec une mise en scène plus évocatrice et moins verbeuse.
Je fais référence ici à l’explication de la machination d’Ema à sa famille « recomposée ».
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Créée
le 21 sept. 2020
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