La mémoire de nos pères
Ciel ! Quel désastre. L'idée de base est bonne mais elle est très mal exploitée. On suit trop d'intrigues en même temps, des intrigues qui ne sont pas ou presque pas connectées. En fait, chaque...
Par
le 6 oct. 2016
1 j'aime
A une heure où seuls quelques noms incarnent le cinéma d'auteur et où ce dernier devient de plus en plus tape-à-l'oeil, l'exploration de concepts à travers le cinéma se fait de plus en plus rares. Ainsi, lorsqu'une équipe de presque 20 producteurs se met en tête d'exploiter pour un budget minimal l'hypothèse d'un monde sans mémoire, le projet est passé sous silence. Pas de sortie, pas d'articles, Embers n'est même pas référencé sur Allociné. Mais alors, que cache ce projet si nébuleux ?
Ne cherchez pas de noms familiers dans l'équipe de production d'Embers. Vous n'en trouverez pas. Ne cherchez pas de têtes connues dans son casting. Vous n'en trouverez pas.
Ne vous accrochez pas au synopsis non plus, son intérêt n'est pas là.
Si l'idée de base d'Embers est présente sous la forme d'une vague phrase descriptive, cette dernière n'est que sous-entendue durant l'heure et demie du long-métrage. A aucun moment les tenants et les aboutissants ne sont véritablement expliqués et de fait, si on ignore le synopsis, c'est à nous qu'il appartient de comprendre ce qu'il se passe à l'écran.
La volonté des producteurs est explicite, le but est d'appeler à la réflexion quant aux situations qui nous sont présentées mais avant tout à la contemplation des images qui nous sont proposées.
Dès les premières minutes on suit donc les pas incertains d'un enfant sans voix, dans un paysage en ruines où la mémoire a quitté les hommes autant que les lieux. Le monde n'est qu'un vaste vestige et les protagonistes errent sans but. Comment en avoir un si on ne peut s'en souvenir ?
Différents destins sont mis en scène, de l'adolescent brutale dont ne demeure que la violence à ce couple qui profondément s'aime sans pourtant parvenir à en être sûr chaque matin. Il y a ce ressenti profond, ce paradoxe du savoir incertain. Il y a la douleur aussi de voir ces humains se croiser puis se perdre. De sentir la solitude qui peut marquer la vie de chacun lorsque toute forme de mémoire a disparu.
D'un autre côté, loin des plaines désolées, dans un bunker isolé vivent un père et sa fille, seuls dépositaires de la mémoire. Prisonniers du béton et du métal, le père veut préserver sa fille, cette dernière, elle, n'aspire qu'à l'oubli.
C'est que le temps est une éternité quand on est le seul à s'en souvenir.
Embers explore à travers sa galerie de personnages toutes les facettes de la perte de mémoire. Parfois dans la métaphore, toujours dans la justesse, il est un film poignant aux images magnifiées par leur simplicité. Loin de l’exubérance d'un Mallick qui se contemple lui-même ou du caractère parfois étouffant d'un Dolan qui nous asphyxie de métaphores, Claire Carré revient aux sources du cinéma d'auteur. Sacrifiant l'esbroufe pour plus de viscéral, son oeuvre est touchante de bout en bout.
Sur une musique douce teintée de mélancolie, l'absence de souvenirs nous rappelle avant tout qu'il est bon de profiter du présent. Les deux penchants sont explorés, des bienfaits du temps qui efface les maux qui nous ronge à la peur de l'oubli, d'un passé en sursis. Car comment penser demain lorsqu'on ne se souvient déjà plus d'aujourd'hui ?
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les films qu'il faut absolument avoir vu (avis partiellement subjectif)
Créée
le 24 sept. 2016
Critique lue 1.4K fois
3 j'aime
D'autres avis sur Embers
Ciel ! Quel désastre. L'idée de base est bonne mais elle est très mal exploitée. On suit trop d'intrigues en même temps, des intrigues qui ne sont pas ou presque pas connectées. En fait, chaque...
Par
le 6 oct. 2016
1 j'aime
Pas de réelle histoire, pas de début ni de fin en tant que telle, juste l'illustration d'une idée, un défilé d'exemples pour répondre aux questions : que serions-nous sans mémoire ? Que resterait-il...
Par
le 24 sept. 2016
1 j'aime
ATTENTION,TOUT CE TEXTE EST UN SPOILER. Je viens de consulter la présentation du film, et elle le résume intégralement, donc si vous l'avez lue, vous n'avez plus rien à craindre ! (hé, ils l'ont...
Par
le 7 août 2016
1 j'aime
Du même critique
Nouvelle année, nouvelles séries. Netflix offre à Moffat et Gatiss le budget pour revisiter l'histoire (pourtant déjà poncée jusqu'à la moëlle) de Dracula. Vous l'aurez compris, l'heure est aux...
Par
le 5 janv. 2020
21 j'aime
2
Cette année est importante pour les fans d’héroïc-fantasy. En effet, Peter Jackson tire sa révérence à la Terre du Milieu avec son dernier long-métrage adaptant les histoires de Bilbo : Le Hobbit, la...
Par
le 14 déc. 2014
12 j'aime
3
Le moins que l'on puisse dire c'est que Netflix, autant en termes de films que de séries, est prolifique. Sous la loupe aujourd'hui : « Messiah », le thriller...
Par
le 5 janv. 2020
11 j'aime