Un riche avocat,marié et père de famille,se laisse séduire par une vénéneuse aventurière qui va en faire son esclave,sa chose,le ruiner et le détruire physiquement et mentalement,ainsi qu'elle le fait avec tous les hommes qui ont le malheur de tomber dans ses filets.On reconnait là une trame de mélo moraliste classique qui resservira dans des oeuvres comme "L'Ange bleu","La femme et le pantin" ou "Cet obscur objet du désir".Mais "A fool there was" est très raté et,loin de susciter l'émotion visée,réserve au moins de grands moments d'hilarité.Les personnages sont des caricatures absolues.La méchante séductrice,qui n'a pas de nom et qu'on n'appelle que "La Vampire",est dépourvue de toute humanité et,plus encore que de se faire entretenir,jouit surtout de tourmenter au maximum ses proies et leurs familles.L'épouse est une sainte qui,malgré les humiliations,essaiera jusqu'au bout de récupérer son époux et de sauver son couple.Les scènes dans lesquelles elle utilise à cette fin leur petite fille,qui réclame le retour de son papa,sont à se tordre de rire.Quant au mari,la vitesse avec laquelle il passe du statut d'homme brillant et responsable à celui de pauvre type se traînant aux pieds d'une catin laisse pantois.Entre ses deux principaux personnages féminins,on ne sait pas trop si le film est féministe ou misogyne mais ce qui est certain,c'est que la faiblesse des hommes face à l'attrait que représentent les femmes y est vertement condamnée.On nous montre donc un triptyque religieux,avec un pécheur pris entre le Démon et le Salut.La morale de l'histoire est donc qu'il ne faut pas succomber à la tentation et si possible fuir les filles de mauvaise vie.Le jeu des acteurs n'arrange pas les choses.Maquillés comme des travs au Bois de Boulogne,ils roulent des yeux et leurs gestes surlignent chaque situation jusqu'au ridicule total.Evidemment,il est facile de se moquer d'un film tourné à une époque où les codes moraux et les techniques de l'art dramatique différaient sensiblement de ce qu'on connait aujourd'hui mais d'autres oeuvres,contemporaines de celle-ci,viennent nous rappeler qu'on pouvait faire beaucoup mieux question progressisme et qualité des comédiens.La réalisation de Frank Powell,également scénariste et titulaire d'un second rôle,est complètement plate et statique.Le cinéaste ne connait visiblement que le plan moyen fixe,qu'il utilise systématiquement.Il n'a manifestement jamais entendu parler de plans larges,de gros plans,de travellings,de champs-contrechamps,de plongées,de contre-plongées ni d'ailleurs du moindre mouvement d'appareil.Au final,le film est une vraie bonne comédie,mais c'est hélas involontaire.Son principal intérêt est qu'il signe les débuts à l'écran de Theda Bara,grande star du muet catégorie "femmes fatales",qui est effectivement très jolie.