Orlando chante dans le cartel : plus qu'un simple pitch?

Un sacré OVNI que ce film, mélange de genres entre romance, gangsters, musique et drame familial. (entre autres ...)

Le film part d'un concept qui évoque l' "Orlando" de Virginia Woolf inversé, un siècle plus tard au Mexique, sous fond de cartel de la drogue.

Mais au-delà de ce pitch spectaculaire, et certainement polémique pour une partie des spectateurs, que propose réellement le film?

Tout d'abord, en surface l'histoire de Rita, avocate brillante mais pas reconnue à la hauteur de son talent car femme et noire, qui succombe à la tentation de l'argent et de la reconnaissance en aidant le dirigeant du cartel. Histoire somme toute classique, mais menée avec une évolution du personnage sérieuse et cohérente .

Ensuite, évidemment , l'évolution de "Manitas" le leader du cartel qui souhaite être une femme. L'aspect pratique de la question est évoqué mais un peu superficiellement : on s'attarde seulement sur la difficulté à trouver un médecin suffisamment avide d'argent et on admet, comme dans l'Orlando de Woolf, du jour au lendemain qu'Emilia est, et a toujours été, Emilia. On évacue ainsi des questions pourtant pertinentes telles que: Comment cette "transformation" a été accueillie par les autres membres du cartel? Comment a-t-elle accueilli les regards après sa transformation? n'a-t-elle jamais été mégenrée? Peut-être est-ce moi qui suis trop rationnel et que je devrais simplement apprécier le reste sans me poser trop de questions...

Un des éléments les plus réussis de l'intrigue est la relation entre Emilia et ses enfants, qui rappelle en quelque sorte Mrs Doubtfire: condamnée à aimer ses enfants sans jamais pouvoir leur révéler qui elle est vraiment ... qui amène pour moi à la scène la plus réussie du film lorsqu'elle endort son fils. En comparaison, la relation avec son "ex" femme semble quelque peu superficielle et la prestation de Selena Gomez ne m'a pas franchement convaincu ...

En ce qui concerne les chansons, mon avis est assez neutre: pas vraiment pénibles mais pas vraiment marquantes non plus... Est-ce que l'aspect comédie musicale apporte réellement quelque chose au film? Je ne suis pas convaincu..

Pour finir, que penser de la place des hommes dans ce film? Au final quasi-inexistants mais pourtant toujours représentatifs de la violence, que ce soit l'accusé du procès, l'amant de Jessi ou bien évidemment Manitas qui a lui seul représente la part d'ombre d'Emilia. On peut peut-être regretter ce manichéisme trop présent dans le film où, comme un symbole, Emilia trouve l'absolution en changeant de sexe...