Fan de Jane Austen, je ne pouvais pas manquer cette nouvelle adaptation d'Emma, interprétée, en plus, par une jeune comédienne que j'apprécie : Anya Taylor-Joy. Retrouver également Johnny Flynn en Knightley et le merveilleux Bill Nighy en papa inquiet, c'était une perspective très agréable.
Bon... Le fait est que j'ai été plutôt déçue par cette adaptation. Surtout si l'on compare à la mini série de la BBC de 2009 avec Romola Garai et Johnny Lee Miller...
Après, il y a vraiment une recherche et une démarche très ironique dans cette Emma là : tout y est un peu outrancier : les décors (et les costumes) déjà, notamment la demeure des Woodhouse mais aussi dans chaque lieu visité : ils rappellent les choix de Sofia Coppola dans son Marie-Antoinette : le rose bonbon y cotoie le bleu turquoise, les peintures sont immaculées et on a l'impression de se promener dans un magazine. Ils imposent d'emblée une vision très artificielle et caricaturale de l'oeuvre et de son héroïne, elle-même pourvue d'une coiffure de poupée tout sauf naturelle (mais indubitablement moche). Il y a aussi ces improbables chansons qui illustrent certaines scènes.
Je n'ai également pas pu m'empêcher de voir dans les capes rouges portées par Harriet Smith et les autres jeunes orphelines (plusieurs fois filmées en groupes, avec leur chapeaux, têtes baissées) un rappel aux tenues des servantes de The Handmaid's Tale : une manière de rappeler la place dévolue aux femmes à l'époque : se marier et faire des gosses pour seule perspective d'avenir... Et encore, si un mâle veut bien de toi...
Les réactions des personnages sont souvent théâtrales et grandiloquentes (l'église par exemple, au moment de l'introduction du personnage de Mme Elton ou encore le sauvetage d'Harriet). Un rappel au cinéma muet fait de gags ?
Le choix des comédiens est parfois surprenant : par exemple les deux acteurs incarnant respectivement M. Elton et Frank Churchill se ressemblent vraiment physiquement. C'est un choix étonnant. Ou alors on veut nous indiquer qu'au royaume d'Emma, les imbéciles sont légion et qu'ils se ressemblent tous ?
Faire exister Emma et Knightley aussi de façon inattendue est un choix scénaristique qui renforce l'ironie et les ridiculisent presque autant que les autres personnages : Emma apparaît ici nettement plus détestable que dans toutes les autres adaptations que j'ai pu voir. Knightley n'est pas tellement non plus à son avantage et il m'apparaît nettement moins "héroïque" que dans la plupart des autres films jusqu'ici - ou dans le roman d'ailleurs. Bref, voir Emma soulever sa robe et se chauffer les fesses auprès du feu, Knightley se faire bichonner au début du film est particulièrement parlant. La scène de la demande en mariage est également significative.
Côté casting : il est jeune, dynamique mais j'ai vraiment une lourde préférence pour celui du Emma de Sandy Welch (particulièrement la pétillante Romola Garai, le très séduisant Johnny Lee Miller et l'émouvante Tamsin Greig).
Il y a ici des intentions évidentes, mais l'ensemble (y compris les personnages) est superficiel, sec et pas très drôle. Pas très original non plus, parce qu'on a finalement l'impression d'avoir déjà vu ça (Clueless, c'était bien plus rigolo).
Tout ça concours à illustrer la futilité de ce monde et de ce personnage si vain et inutile. Mais pas sûr que cela soit du goût des amatrices (amateurs ?) de la grande Jane...