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Même Olivia Colman n'a pu sauver ce pauvre film

Sam Mendes m'a toujours donné l'impression d'être devenu cinéaste un peu par hasard, à la fois à cause de l'absence d'un style qui lui serait propre et de l'éclectisme de genres et sujets qu'il aborde, un film après l'autre. Empire of Light ne fait malheureusement que confirmer cette impression. Mendes s'attaque au sujet du racisme dans l'Angleterre des années 80 avec la bonne volonté d'un écolier souhaitant obtenir une mention sur son bulletin de notes. Il peint d'abord soigneusement le portrait d'une dame seule et mal peignée, Hillary, et s'attarde sur des scènes où elle mange de tristes brocolis dans son appartement et se dévisage dans la glace avant d'avaler des médicaments, insistant lourdement sur la solitude d'une femme qui ne semble même pas autorisée à prendre son pied pendant ses scènes de sexe avec Colin Firth.


Hillary travaille donc dans le cinéma de ce dernier, dans une ville balnéaire étriquée et grise comme on en trouve beaucoup en Grande-Bretagne. Elle y rencontre Stephen, un gentil garçon tout juste sortit de l'école (la différence d'âge n'est jamais relevée) avec qui elle forme une amitié qui tournera ensuite en relation amoureuse.


À partir de ce moment, Mendes ne semble déjà plus savoir ou est-ce-qu'il veut en venir avec son film. Il gesticule ainsi vaguement vers plusieurs pistes inabouties, tentant d'abord une sorte de Cinéma Paradiso, pour écrire à travers le lieu de travail des personnages une lettre d'amour au 7ème art qui sonne creuse et clichée.


Il se tourne ensuite vers Colman pour lui demander de transformer la terne Hillary en personnage de femme bafouée qui perd la tête après que Stephen lui demande poliment d'arrêter la relation. Le résultat est gênant pour tout le monde et surtout le spectateur.


Reste le gros morceau du film, le sujet du racisme, qui est abordé avec la nuance et la subtilité d'une campagne Touche Pas À Mon Pote. (Il n'y a pas juste un mais deux gros plans sur une main blanche et une main noire qui se serrent). Stephen, né en Angleterre de parents trinidadiens, est victime à plusieurs reprises d'agressions et attaques xénophobes qui escaladent au point d'envoyer le pauvre garçon aux urgences après que des skinheads aient cassés les vitres du cinéma pour venir le tabasser.


Le racisme existe ainsi dans ce film sur deux fréquences: explicite et violent sous les vilains traits des skins, ou alors, complétement inexistant chez les autres personnages. Autant pour le racisme systémique, whatever that is. Mais la véritable mollesse du film réside non dans l'action mais la réaction de ces personnages noirs manquant désespéramment de relief et surtout, de colère. Face aux insultes et aux coups, Stephen se résigne et sa mère, une infirmière qui a pourtant du soigner son fils arrivé ensanglanté à l'hôpital, ne peut qu'hausser les épaules. Avec Sam Mendes, la révolution sera pour un autre jour.

everyafternoon
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le 16 févr. 2023

Critique lue 93 fois

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