Hearts and darkness
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Au risque de répéter ce qui se dit, le début de l'année 2023 nous aura offert 3 regards différents de 3 réalisateurs reconnus sur le cinéma. Damien Chazelle rendait hommage à la furie créatrice et libertaire du Hollywood des années folles, Steven Spielberg explorait son éveil à la réalisation comme interface avec sa vie familiale, et Sam Mendes se concentre quant à lui sur le cinéma comme unité de lieu, univers feutré semblant créer son propre espace-temps.
Empire of Light se déroule dans une ville anglaise balnéaire des années Thatcher où le chômage et le déclin social progressent, et où survit encore l'Empire cinéma et ancienne salle de bal à moitié fermé et défraichi. On y suit la rencontre touchante entre Hilary, quinquagénaire dépressive plus ou moins sous lithium et Stephen, je n'étudiant noir ayant raté son entrée en école d'architecture. Autour d'eux gravitent un ensemble de personnages entre flegme britannique et relève punk, utilisez davantage comme contrepoint audio principal.
En un sens le film me rappelle La Délicatesse, avec ce couple mal assorti selon les normes, amoché par la vie au sens propre comme figuré, cherchons une reconnaissance, cherchant à être vu dans un monde qui les met en marge. A travers la relation de Hilary et Stephen le film aborde la dépression, les troubles mentaux, le racisme, la violence sociale, le désir, le besoin d'identification… Certains peuvent trouver que l'ensemble est abordé pêle-mêle de façon superficielle, même si je trouve pour ma part qu'on peut traiter ces sujets sans avoir à les surligner ou à tomber dans le film misérabiliste. Empire of light préfère capitaliser sur sa beauté fragile plutôt que de tomber dans le film social. Cette beauté est sublimée par l'incroyable direction photographique de Roger Deakins, qui transforme chaque scène en tableau. Le jeu des acteurs principaux est également très touchant grâce à une alchimie assez évidente.
Oui je reconnais que de manière objective Empire of Light est un film d'une plus petite ambition, et je peux comprendre que certains n'aient pas été embarqués ni ému. Le film mise beaucoup sur l’ambiance, la lumière et les décors, et le scénario manque un peu de force. La musique n’a rien d’incroyable. En un sens, c’est un film soigné et un peu propre sur lui, qui manque un peu d’audace.
Mais il me touche personnellement car comme ses personnages j'ai toujours eu un grand attachement pour le cinéma en tant que lieu, ces salles obscures où personne ne nous connaît, ce cocon protecteur de l'extérieur ou « la magie se crée », quel que soit le film qu’on vient voir. J’ai été captivée par cette scène où Hilary s'installe et regarde un film, la salle entièrement à elle, elle entièrement à la salle. Vous trouvez peut-être cette scène vaine, facile ou mièvre. Mais pour moi elle sonne authentique. Un moment éphémère où la lumière surpasse l'obscurité.
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Créée
le 17 mars 2023
Critique lue 7 fois
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