C'est à croire que le thème des boucles temporelles devient une spécialité japonaise, puisqu'après Comme un lundi, le judicieusement nommé "En boucle" s'amuse de nouveau avec un phénomène qui, pour corser l'affaire, intervient cette fois-ci toutes les deux minutes, comme si le temps butait sans cesse sur un obstacle invisible. Un véritable exercice de style, mis en images par Junta Yamaguchi, en un lieu unique, une auberge de campagne au plus profond du Japon. Un film, basé sur la répétition, qui réussit à ne pas lasser mais qui, au contraire, surprend sans arrêt par son inventivité et son sens de l'absurde, le pari insensé est relevé haut la main, en dépit de quelques chutes de tension compréhensibles. Le jeu des comédiens, passablement outré, convient parfaitement à ce petit théâtre de l'insolite, avec des personnages plus ou moins azimutés auxquels on s'attache forcément car l'on compatit de les voir ainsi coincés dans ces deux minutes qui se répètent à l'infini. La résolution finale de ce mystère est énorme mais nullement dérangeante car appartenant à un état d'esprit malicieux et ludique. L'idée de départ pourrait d'ailleurs être reprise avec de nouvelles variations et l'on serait vraiment curieux de voir ce qu'un réalisateur français, un Hazanavicius, par exemple, pourrait tirer d'un tel argument.