"En Corps" est d'abord une déclaration d'amour à la danse, aux corps qui dansent de jour de nuit : en ballerines ou pieds nus, hissés sur les pointes ou serpentant au sol - une déclaration aux étoiles filantes des constellations comme aux petits rats picotant le grain des planchers. Marion Barbeau, nommée première danseuse du ballet de l'Opéra en 2019, est une grande danseuse. Son personnage d'Elise Gautier s'inspire de sa carrière. L'actrice se coule avec naturel dans ce rôle taillé à sa mesure par Cédric Klapisch.
"En Corps" est encore un film d'acteurs. Muriel Robin s'épanouit dans son activité de mécène et rayonne d'humanité en mère de substitution. Pio Marmaï (Loïc), désarçonné face à l'agressivité de sa fiancée Sabrina, assure en cuisine et au lit. François Civil (le kiné Yann, looser éternel) joue les funambules entre farce et tragédie. On rit jaune de ses déroutes sentimentales. Chargé de trois filles, le notaire Denis Podalydès (Henri Gautier) est un veuf réfugié dans son travail. Quel hibou dépenaillé ! Parfait en père pudique incapable d'exprimer ses sentiments.
Le film débute comme un documentaire sur le ballet classique à l'Opéra de Paris. Elise, entourée par la sollicitude des maquilleuses, se prépare dans les coulisses. Sur scène se déroule ensuite un spectacle visuel et sonore de féerie. Mais Elise se blesse gravement et doit arrêter la danse au moins deux ans. Sa raison de vivre s'effondre. Sa mère l'avait poussée à danser et après sa mort, Elise a persévéré jusqu'à atteindre l'excellence à l'Opéra. Impossible d'arrêter à 26 ans...
Pour échapper à son milieu parisien, Elise suit des amis en Bretagne dans un centre culturel dirigé par Josiane (Muriel Robin). Elle aide Sabrina (ex-danseuse classique) et son ami Loïc (cuisinier) à préparer et servir les repas d'artistes en résidence. La compagnie d'Hofesh Shechter répète dans la grande salle. Hofesh propose à Elise de participer aux exercices collectifs. Et le regard documentaire de Cédric Klapisch se tourne vers la danse contemporaine. Leurs gigotements, transes et contorsions ne seront pas du goût de tous !
Elise va-t-elle se reconvertir vers cette forme de danse ? Trois petits pas et puis s'en vont... Les danseurs passent... Les danseuses passent... L'école de l'Opéra essaime et se régénère... Dansez sur moi, dansez sur moi - atomes propices de l'univers... La danse des corps sous la voûte céleste est éternelle.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste En BoNnE CoMpAgNiE (2017/2024)
Créée
le 13 août 2023
Critique lue 23 fois
1 j'aime
D'autres avis sur En corps
Après plus de trois décennies derrière la caméra, Cédric Klapisch prouve que les années n'ont nullement entamé sa vivacité et sa fraîcheur. Et Dieu sait qu'il en faut pour réaliser un film sur la...
Par
le 28 mars 2022
50 j'aime
10
A combien de films en est-il déjà l’ami Klapisch ? …Quatorze ?! Ah bah comme quoi ça commence à se sentir hein… Parce que bon, difficile d’affirmer qu’avec cet En corps j’ai été surpris par le cinéma...
le 5 avr. 2022
36 j'aime
11
On retrouve régulièrement dans le cinéma de Cédric Klapisch un destin qui doit s'adapter à des péripéties, qui va trouver sa force dans des rencontres et des choix importants, En Corps n'échappe à la...
le 3 avr. 2022
30 j'aime
8
Du même critique
Lire BLAISE PASCAL, c'est goûter une pensée fulgurante, une pureté de langue, l'incandescence d'un style. La langue française, menée à des hauteurs incomparables, devient jouissive. "Quand on voit le...
le 10 nov. 2014
30 j'aime
3
Sur ma couche, pendant la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime ; je l’ai cherché et je ne l’ai point trouvé. Levons-nous, me suis-je dit, parcourons la ville ; les rues et les places, cherchons...
le 9 nov. 2014
23 j'aime
7
Pour qui n'est pas allergique aux questions religieuses et métaphysiques, "Lumière d'hiver" (titre français "Les Communiants") est passionnant. Bergman règle ses comptes avec son père, pasteur...
le 11 janv. 2019
20 j'aime
3
