En corps commence par un quart d'heure de grâce absolue, à l'Opéra de Paris, où; sans nécessité de dialogues, l'intrigue du film s'installe, indépendamment et avec de somptueux moments de danse classique, qui devraient séduire même ceux qui n'ont pas d'affinités avec cet art. Après cela, le retour sur terre est difficile mais Klapisch n'est pas un novice et retrouve ses bonnes habitudes de cinéaste de l'air du temps, s'attachant à la reconstruction physique, mentale et sentimentale de son héroïne, judicieusement incarnée par une danseuse professionnelle, Marion Barbeau, qui ne démérite pas dans son jeu d'actrice débutante, même aux côtés de poids lourds confirmés, tous excellents : Pio Marmaï, Bruno Podalydès, Muriel Robin et François Civil, entre autres, des rôles secondaires qui assurent et apportent, pour certains d'entre eux, un humour bienvenu. Klapisch, dont on connait l'attachement à l'art chorégraphique, dans ses différentes déclinaisons, du hip-hop à la danse contemporaine, alterne les scènes dédiées et la comédie de caractère(s), avec la fraîcheur qui caractérise son cinéma et une amusante candeur, parfois, mais surtout une fluidité de tous les instants. En corps est une belle façon de se renouveler pour Klapisch, sans se renier, avec la notion de troupe visible dans L'auberge espagnole et ses suites, sans perdre de vue les parcours individuels de vie qu'il rend, à sa manière particulière, à la fois héroïques et chaotiques mais passionnants à suivre. En corps est l'une des plus belles réussites de son auteur qui a le plus souvent su sur quel pied danser, sans perdre l'équilibre.