La danse, surtout contemporaine, a beau être un art auquel on n'entend rien, ce En Corps a su trouver l'angle d'approche humaine, amusante et gorgée d'espoir pour nous faire aimer son sujet. Ici, on suit une jeune danseuse de ballet classique qui se blesse lors d'un spectacle, et doit cesser de pratiquer. Or, lorsque la médecine lui retire sa passion en lui promettant le pire si elle enfreint la règle, elle s'approche plutôt d'une troupe de danse contemporaine qui saura peut-être la faire danser à moindre risque (ou pas). En Corps refuse d'écouter froidement le couperet du docteur, préfère écouter le corps qui veut vivre pleinement quitte à tout perdre, évidemment une morale non généralisable, mais ayant comme un petit air de Mary Poppins sur le bout des lèvres ("Juste un morceau de sucre, qui aide la médecine à couler...", désolée de vous l'avoir remis en tête). Naïf, forcément, mais joyeusement naïf, sympathiquement naïf, même. On aime aussi suivre les déboires amoureuses du kiné (amusant François Civil), entendre les punchlines de l'ancienne danseuse (Muriel Robin, toujours en forme !), voir les relations cahoteuses mais sincères entre le père et sa fille (la fin nous a ému), rencontrer ce couple de restaurateurs qui s'enguirlandent juste pour le plaisir de se réconcilier sur l'oreiller... En somme, écouter les gens, regarder les corps qui s'agitent, s'intéresser aux problèmes mais surtout aux solutions de chacun. Klapich sort de sa zone de confort en filmant davantage les corps que les paysages, mais s'en tire dignement (ses jeux d'ombres sont bons, ses gros plans anatomiques réussis) et avec l'audace de changer de registre. En Corps est peut-être un peu gentil sur les bords, mais ce genre de douceur ne nous déplaît pas. Juste un morceau de sucre...