Voilà que débarque la suite des aventures de Jason Statham qui se bastonne face à des requins géants dans un deuxième épisode tout simplement intitulé En eaux très troubles, 5 ans après un premier volet tout juste sympathique qui se contentait du minimum syndical pour nous divertir. Si cette première mouture n’appelait pas forcément une suite, on constate pourtant que les studios ont l’envie de poursuivre l’aventure en rappelant notamment l’acteur star accompagné d’une partie du casting initial parmi lequel on retrouve la petite fille qui a désormais bien grandi. Seul changement au tableau, c’est celui du réalisateur puisque Jon Turtletaub qui avait signé le premier volet laisse sa place à Ben Wheatley que l’on connait peu et qui s’est fait la main sur un cinéma plutôt indépendant avec des propositions certes assez anonymes mais qui ont su avoir un peu d’écho sur la scène cinématographique comme Free Fire en 2016 ou Rebecca en 2020. Le réalisateur a également pondu des épisodes de la série phénomène Doctor Who, donc pas un novice derrière la caméra. Cependant, ce choix étonne une nouvelle fois à l’image de Jon Turtletaub sur le premier film, mais une décision qui peut s’avérer encourageante tant le choix de ce nouveau metteur en scène peut générer de l’espoir afin d’avoir enfin le délire attendu. On espère qu’il parviendra à apporter plus de dérision et se lâche quelque peu dans le délire sanglant sans non plus en faire des caisses. Quand on vient voir ce type de film, c’est finalement un peu ce que l’on recherche, prêt à accepter des grosses ficelles à condition que le second degré soit complètement assumé sans non plus nous tomber dans l’exagération au risque de nous exaspérer par un humour omniprésent. Une recette que le premier film peinait à trouver, dans sa volonté de nous divertir, il se prendra finalement les pieds dans le tapis en considérant son récit avec trop de premier degré malgré une envie évidente de lâcher les chevaux mais le film assure tout juste l’essentiel avec les qualités mais aussi les défauts des blockbusters modernes.
On retrouve un Jason Statham en pleine mission d’infiltration sur un cargo qui se retrouvera vite confronter à l’équipage. Le film semble prendre une direction plus légère en apportant des scènes de combat ce qui change du premier épisode. Des séquences dans lesquelles l’acteur star prend évidemment son pied. On sent bien que Ben Wheatley prend plaisir à filmer cette scène introductive en y apportant rapidement de l’énergie, ce qui ne sera pas le cas malheureusement pour le reste. En effet, le soufflé retombe assez vite, on a presque l’impression que le réalisateur ne sait pas quoi raconter avec sa caméra et nous sert des passages qui reprennent presque plan pour plan le premier film ou alors exploite des effets pathétiques qui ne font jamais effet. Pour revenir à l’histoire, on comprend finalement que le personnage central joue désormais les activistes écologiques tout en continuant de travailler avec la station océanographique du premier volet et qui appartient désormais à une grosse société technologique. En parallèle, cette même société élève en captivité un nouveau Mégalodon, d’où vient-il ? Peu d’explication à son sujet et c’est le début malheureusement d’une série de nombreuses incohérences et sous-intrigues passées à la moulinette. Le film n’en a que faire de son scénario et ne raconte finalement pas grand-chose. Même dans le ton, on s’y perd, d’abord sérieux à l’image de son prédécesseur, le film prend une tournure plus légère voire ridicule dans la deuxième heure avec des personnages qui semblent livrés à eux-mêmes. Au moins le premier film essayait de maintenir un fil scénaristique, ce qui n’est pas le cas ici. Si au moins le film sauvait les meubles avec un délire sanglant, mais là encore c’est raté. Certes, il y a peut-être plus de rythme mais celui-ci est souvent gâché par des effets visuels faiblards et une lecture difficile de l’action. Ce n’est pas le fait de rajouter deux mégalodons supplémentaires qui vont changer la donne. Le film n’arrive jamais à faire monter la tension et tombe rapidement dans une ringardise criarde. Et même s’il tente bien d’apporter quelques séquences plus décalées, cela ne fonctionne jamais tant c’est fait à la truelle avec une indifférence évidente. Globalement, il y a peu de nouveautés qui tombent souvent à l’eau par la niaiserie des séquences et la caricature de ses personnages. Il faut dire que le casting fait ce qu’il peut avec une écriture aussi décevante.
Cette suite n’apporte rien et arrive l’exploit de faire encore pire que son prédécesseur en dupliquant les mêmes erreurs. Un film qui déçoit malgré quelques scènes réussies et qui s’avère finalement inutile, ce qui est le cas de plusieurs blockbusters toujours plus décevants les uns que les autres ces dernières années. En eaux très troubles ne restera pas dans les annales, malgré un budget plus conséquent, ce film se rapproche finalement plus du niveau d’un Sharknado, à peine divertissant, niais et vite oubliable.