En fanfare
6.8
En fanfare

Film de Emmanuel Courcol (2024)

Quand on a été bonne cliente pour Les Virtuoses ou The Full Monty, il n'y a pas de raison de ne pas se laisser tenter par cette fable moderne sur le dépassement des préjugés. Et puis, ça n'est pas comme si c'était un sujet passé de mode, hein ? Nous voilà donc dans les salles de concert prestigieuses de Paris, aux côtés d'un chef charismatique, très investi, succombant à un malaise en plein milieu d'une répétition. Point de départ dévoilé dans la bande-annonce, qui n'est guère frappée de pudibonderie, à vrai dire, et dévoile pas mal des charmes principaux de l'histoire, qui passe de ce fait au second plan, puisqu'elle n'est effectivement qu'un prétexte. Celui de la confrontation des Deux France qui vont bientôt devenir aussi tristement célèbres que les Deux Espagne ou les Etats-Désunis d'Amérique - mais quelle mouche nous pique tous ??? - à travers la rencontre bancale entre deux frères séparés tout petits, sans souvenirs l'un de l'autre. Un impératif médical les réunit, et ce sont deux mondes qui doivent apprendre à coexister pour une question de survie. Si la métaphore est limpide, elle n'en reste pas moins vraie. Les circonstances tragi-comiques de cette réunion improbable sont vite expédiées, donnant une dynamique enlevée à ce qui aurait pu ailleurs être un long pensum psychologisant. On se tient bien éloigné de ça tout du long, en marchant sur un fil en un équilibre plutôt maîtrisé, fondé sur la tension entre le frère hautement éduqué et le diamant brut autodidacte. Il est donc question d'assignation sociale, de secrets familiaux, d'indignité parentale, de prédestination, d'acquis et d'inné, bref, de thèmes finalement assez peu fréquents, somme toute, menés avec ce qui devient une denrée aussi rare que les zones sans pollution sonore humaine de nos jours : le bon esprit. Sans tomber dans le gentillet, il est question de concorde, de réconciliation, de solidarité et de pardon, valeurs dont tous les partis et toutes les religions ont la bouche farcie tandis que dans les rues leurs sectateurs s'écharpent en toute mauvaise foi aussi joyeusement que si leur dignité humaine n'en était pas entachée le moins du monde. Un jour, qu'on peut espérer proche en toute inconscience assumée, il faudra vraiment regarder le mal qu'on se fait avec tant de désinvolture, mais, en attendant, on peut toujours saluer les tentatives de promotion de la vraie bienveillance. Donc, si vous êtes encore un peu avides de non-jugement, des sorties de route, de l'absence de catalogage et de silence au milieu des slogans bêlants, rien ne vous empêche de vous abandonner à cette histoire bien construire et saine, admirablement interprétée, qui cherche à cultiver le meilleur chez ses spectateurs, sans sectarisme et avec un vrai amour de la musique comme remède quasi-universel à toutes les querelles stériles. Moi, ça m'a fait un bien fou.

Créée

il y a 7 heures

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