Après son adaptation de Maupassant Une Vie passée inaperçue, Stéphane Brizé retrouve son acteur fétiche Vincent Lindon après le succès de La Loi du Marché qui avait valu à ce dernier le doublé prix d'interprétation cannois et césar.
S'il reprend le même procédé, à savoir la peinture d'une réalité sociale, le procédé diffère un peu. Là où Lindon était filmé de dos et sans musique dans La Loi du marché, En Guerre le met au centre de tout le film, en faisant même la figure emblématique de cette lutte. Accompagné de notes graves, Lindon est filmé en héros d'une lutte montrée de son début jusque dans ses moindres avancées, au milieu d'un parterre d'acteurs inconnus tous exceptionnels de vérité.
Car si le film emporte par la qualité de son approche, tant dans sa documentation précise et son portrait de la lutte, la sacralisation de son acteur enlève un peu de cette authenticité, mettant la lumière sur la performance de l'acteur, pourtant parfait en employé effacé dans leur précédente collaboration. Sa posture trop importante pénalise le film, qui n'en demeure pas moins glaçant et terrifiant, dans une mécanique huilée vers de sombre desseins, d'une guerre perdue d'avance se déroulant sous nos fenêtres.