Dans le jargon technique du baseball, le screwball désigne une balle lancée à tout allure et dont la trajectoire est imprévisible. C’est cette imprévisibilité qui poussa le milieu cinéphile à utiliser ce terme pour qualifier les comédies loufoques américaines des années 30, celles-ci se caractérisant, entres autres, par une propension à proposer une histoire qui enchaine les situations incongrues à base de nombreux quiproquos .
En Liberté ! semble vouloir marcher sur les traces de ce genre si particulier, ce qui n’a rien d’étonnant quand sait que les réalisateurs favoris de Pierre Salvadori sont Ernst Lubitsch et Billy Wilder, deux maîtres de la comédie américaine. Le film nous propose de suivre Yvonne, femme flic qui découvre que son défunt époux, censé être le plus grand policier de la ville, était en réalité un ripoux qui a mis en prison un innocent pour masquer sa participation à un vol de bijouterie.
Incarnée par Adèle Haenel, Yvonne est une femme forte et indépendante, incarnation de l’archétype de l’héroïne de la screwball comedy qui compta parmi ses plus grands modèles les actrices Katherine Hepburn et Rosalind Russell. Lorsque Antoine, le fameux innocent enfermé par son mari, sort enfin de prison, elle va mettre tout en œuvre pour le réintégrer dans la société tandis que celui-ci va la plonger dans un torrent d’ennuis les plus insolites les uns que les autres, permettant à Salvadori d’enchainer des scènes loufoques qui, malgré leur caractère humoristique, parviennent toujours à garder une certaine intensité dramatique.