En voilà un beau téléfilm se permettant des audaces de mise en scène et de dire « merde » à la linéarité, donnant à l'œuvre quelque chose de profond, complexe et subtil. En effet, « En marge des jours » a beau être terriblement triste, on évite le pathos et le larmoyant au profit de personnages forts, marquants, dont on peut constamment comprendre les motivations, aussi mesquines et méprisables soient-elles. C'est incontestablement cela qui rend les différents enjeux aussi poignants, à l'image de ces allers-retours incessants à l'hôpital pour un homme qui a à peine conscience de qui vous êtes et de ce que vous avez représenté pour lui.
De plus, le fait qu'un sujet aussi fort n'ait jamais été réellement traité ne fait que renforcer son impact, surtout lorsque les différentes situations sont aussi bien décrites, aussi bien développées. Emmanuel Finkiel évite ainsi toute facilité, montrant intelligemment que les « gagnants » ne sont pas forcément ceux qu'on croient, à l'image d'un dénouement remarquablement amené et profondément émouvant... Sans oublier une Michèle Laroque magnifique de sensibilité contenue dans ce qui est probablement son plus beau rôle, entourée par les impeccables Wladimir Yordanoff et Dominique Reymond. Bref, de la télévision haut de gamme, sur le fond comme sur la forme : une belle réussite.