Après des élections aussi calamiteuses que puantes (certains diront géniales), et si on ne riait pas un peu avec une politique fiction ? Gustave Kervern et Benoît Delépine ont tout fait pour sortir leur dernier rejeton avant les élections, même si les chiffres n'ont pas été au rendez-vous (125 642 entrées). Ayant officiés sur Les Guignols de l'info durant pas mal d'années, le duo n'en est pas à ses premières caricatures de politiques et inutile de dire que les deux olibrius du film sont bien gratinés.
D'un côté, le maire de droite qui surfe sur tout ce qu'il peut du temps qu'il y a des vagues. De l'autre, le maire écologiste qui réussit à s'aliéner jusqu'à ses électeurs et employés de mairie, à force de politiques hasardeuses et peu convaincantes. Jonathan Cohen et Vincent Macaigne sont les bons clients de l'histoire, bloqués dans une sombre histoire de colle. Après avoir exploité la bêtise de ses personnages, les réalisateurs peuvent s'amuser avec leur concept collant, montrant deux arroseurs arrosés de partout.
La subtilité n'est clairement pas là au vue du sujet, mais on pourra s'amuser en s'imaginant des cas véridiques dans la même situation. A partir de là, le concept n'en deviendra que plus cocasse, d'autant plus que les cocos essayent à peu près tout et n'importe quoi pour se sauver de la diabolique super glue. Quitte à réquisitionner un sauna dans une scène génialement improbable où la propriétaire est presque jugée coupable.
Les deux politiques sont des personnages aussi détestables que bêtes, ce qui rend leurs mésaventures d'autant plus amusantes. Le simple fait de se déplacer devient une épreuve et alors ne parlons même pas de s'asseoir... Cohen est un beau-parleur prêt à tout pour avoir l'électorat qu'il vise, animant son monde avec une tchatche incontrôlable. A l'image de son monologue en voiture où le chauffeur retient ses poings ou celui du restaurant avec Kervern. Une impression de parler tout seul, peut-être le seul à être convaincu de sa connerie et sans prendre en compte l'autre. Cette aventure lui permettra de se "reconnecter" avec l'autre (un peu trop même). Cohen peut incarner n'importe quel politique de droite, surtout quand on voit les tendances de certains à bouffer à tous les râteliers.
Macaigne en comparaison joue la force tranquille, l'écologie franchement molle et se prenant les pieds dans le tapis. A l'image de sa sortie de mairie où son employée lui suggère le non-sens de certaines de ses mesures. Néanmoins, il a plus de convictions que l'autre et c'est même le sujet de leur rencontre avant le drame.
Un drame orchestré par des militantes féministes chevronnées, mais se rendant vite compte de l'ambiguïté de la situation. Cet aspect n'est pas le plus convaincant, comme certaines rencontres n'ont rien de bien intéressantes (celle avec François Damiens notamment). Mais l'ensemble s'avère suffisamment cocasse pour rigoler plusieurs fois de bon cœur, servi par un duo crédible. De quoi un peu digérer la cuite des résultats.