J'aime bien les « personnes » Benoît Delépine et Gustave Kervern, et si j'en avais l'occasion, je serais ravi d'aller boire un verre avec eux. Vraiment. Mais comme réalisateurs, j'ai beaucoup de mal, et hormis « Mammuth » (à la rigueur), je me rends compte qu'il n'y a aucun de leurs films que j'aime (l'ultra-surfait « Effacer l'historique » en tête!). Ce n'est malheureusement pas « En même temps » qui va changer la donne, même si, pour le coup, la déception a été moindre tant je n'en attendais pas grand-chose, le sujet me paraissant quelque peu... casse-gueule, pour ne pas dire autre chose.
Pourtant, ça ne démarrait pas trop mal : quelques répliques bien senties, une mise en place claire sans être trop longuette et un duo Vincent Macaigne - Jonathan Cohen dont l'alchimie fonctionne(ra) à l'écran : heureusement car sinon cela aurait tourné au supplice... On évite également à peu près les blagues graveleuses, les situations trop scabreuses, les deux anciens du Groland ne cherchant pas à user jusqu'à la corde de ce postulat... improbable (et pas très convaincant, écrivons-le).
Mais bon... Tout ça pour quoi ? Proposer des caricatures d'écologistes et de droitistes qu'on renvoie d'abord presque dos à dos (non sans une certaine efficacité, parfois) ? Nous balancer des féministes hystériques pas toujours bien intégrées au récit ? Présenter une flopée de personnages (ultra-)secondaires afin de placer tous les copains au point de quasiment virer aux sketchs, plus ou moins réussis ? Sincèrement, il était vraiment compliqué de faire un bon film avec une idée limitant autant les possibilités, permettant, certes, quelques situations et échanges sympas, mais je suis persuadé qu'il y avait d'autres leviers à enclencher pour que les compères puissent promouvoir leurs idées.
Surtout, la subtilité du discours est aux abonnés absents. Soit on ne comprend pas très bien où le propos veut en venir, soit il nous est tellement rabâché que cela en devient agaçant
(en ce sens, le rôle de François Damien deviendrait presque une métaphore!),
voire franchement lourd, certaines scènes s'étirant aussi longuement qu'inutilement.
Ce n'était pas forcément l'objectif principal, mais j'ai très peu ri, Cohen, aussi bien par son jeu que ses répliques, étant clairement celui s'en tirant le mieux, auquel s'ajoute
le passage des policiers écologistes radicaux
(une des rares vraies bonnes idées du scénario), gâché par un « premier final » aussi incohérent que raté, puis un « second » interminable alors que quelques secondes auraient suffi pour faire passer le message : lourdeur, quand tu nous tiens.
Pas infamant, donc, voire légèrement supérieur au précédent (cette dernière phrase, c'est exclusion de Télérama à vie). Mais assez fourre-tout, pas très bien foutu et finalement assez pauvre dans son analyse de la situation politique : non, décidément, je préférerais aller boire un coup avec Delépine et Kervern que d'aller voir leurs films.