Ça m'a un peu fait penser à L'Appât de Bertrand Tavernier. Quand on voit ces deux jeunes adultes, au début, vivre de larcins. Une jeunesse égarée qui ne sait ni d'où elle vient, ni qui elle est, ni où elle va. Ça vit au jour le jour sans se préoccuper du lendemain, de comment on va payer le loyer, sans se demander s'il ne faudrait pas commencer par chercher du travail. Quand cet avocat lui demande si elle ne pourrait pas se trouver du boulot, elle soulève sa jupe...Voilà l'opinion qu'elles ont d'elles-mêmes quoi.
Ceci étant, chez les bourgeois, ce n'est pas mieux. On a beau être marié depuis vingt ans. Difficile de résister à la tentation d'une jeunette de passage même paumée. La façade se lézarde vite malgré l'argent, le couple solide, un travail qui a l'air de bien fonctionner. Ce ne sont que des apparences. Donc, quelque part, ce n'est pas mieux.
Jolivet marque bien les différences entre cette délinquante et son avocat. Différences de milieu social, de caractère, de maturité. Il n'y a pas le même optimisme ni la même légèreté que dans son récent Victor et Célia. On est plus dans Fred. Comment se construire ou se reconstruire ? Quand on le voit courir après sa sculptrice de femme, c'est un peu ça. Comment recoller les morceaux et est-ce que c'est encore possible ?
En plein cœur touche juste quand il montre l'immaturité de cette jeune fille et la descente aux enfers sentimentale de son amant liées à un environnement social loin d'être évident : précarité, délinquance, parents absents.