En présence (éternelle) de Bergman
Durant les 20 dernières années de sa carrière, Bergman aura boudé le cinéma, à moins que ce ne soit l'inverse, mais sera resté très prolixe en travaillant de manière très régulière pour la télévision. C'est ainsi qu'il nous avait été donné de voir sa magnifique dernière œuvre, "Saraband", il y a maintenant 8 ans.
Ici, c'est un téléfilm de 1997 qui nous est proposé. Passons rapidement sur l'aspect esthétique qui en déstabilisera certains, trop habitués à l'image "cinéma" et au Cinémascope. Quand on a le bonheur de voir en 2010 (année de sa sortie en salles) un inédit de Bergman, la gourmandise cinéphilique fait vite tomber la barrière esthétique.
On retrouve donc dans ce "En présence d'un clown" toutes les obsessions bergmaniennes : l'amour, la mort, la perte, l'oubli, la mémoire. Et surtout l'art et la force de sa représentation, la volonté farouche de repousser la folie, l'inéluctable fin en faisant triompher le verbe, la note.
Bref une déclaration d'amour, foutraque et insolente, d'un grand maître à ce qui l'aura maintenu debout jusqu'à son dernier jour : la chose artistique.