Deuxieme Mike Hammer célèbre pour son rythme rapide et pour une explosion atomique minuscule

Deuxieme opus au cinema tiré d'un pulp de Mickey Spillane (son 7eme roman),  c'est le plus célèbre à cause de la mise en scène d'Aldrich (qui fut comparée à sa sortie à celle d'Orson Welles lui-même par Doniol-Valcroze dans les Cahiers du Cinema !) et aussi à cause de son scénario : Al Bezzerides a transformé le simple trafic de drogue du roman en affairisme autour du péril atomique. 

Captivant, c'est un  bon polar dont le "sous type" est "la recherche du Mac Guffin "(qu'est-ce que l'objet convoité ?)  plutôt que le "who done it " (recherche de "qui est l'assassin ?") du premier opus de Mike Hammer J'aurai Ta Peau - I The Jury.

Le rythme est bon, justifiant le titre français, "En Quatrième Vitesse", et même, les dialogues sont parfois trop rapides et on a du mal à suivre le fil de l'intrigue, d'autant que le montage favorise les ellipses. 

Les femmes mystérieuses et fatales sont d'allure plus moderne que celles des années 40 : leurs attributs les plus voyants sont, plutôt que les habituelles coiffures de magazine et les courbes équilibrées sous des tailleurs ajustés, leurs cheveux courts et  leur capacité à citer des poésies.

Les références à la littérature, au projet Manhattan de Oppenheimer qui aboutit à la bombe larguée à Hiroshima en 1945, et la chute de ce polar, une explosion atomique - laquelle ne  détruit cependant qu'un petit chalet sur la plage - impressionnèrent fort les européens (mais pas les américains). Cela excita si fort les commentaires qu'Aldrich en était gêné,  disant que certains éloges philosophiques ou politiques français n'étaient pas mérités.

Il revendique quand même pour son film  une allusion critique à la chasse aux sorcières de McCarthy (le sénateur, en chute libre de popularité, sera en procès à la sortie du film en 1955). Cela ne saute pas yeux : en quoi cette histoire aurait-t-elle un lien avec la Liste Noire ? Comme on est face à un complot de mafieux et de scientifiques autour de la bombe, ce serait plutôt en faveur de la chasse aux espions obsessionnelle menée par McCarthy plutôt que contre son complotisme...

En tout cas Bezzerides et Aldrich en feront trop dans la posture de gauche, sans doute par mimétisme envers leurs admirateurs cinéphiles : ils prétendent qu'ils ont complètement transformé un mauvais livre de Spillane, qu'ils traitent de fasciste ! C'est de la poudre aux yeux, car non seulement le film est fabriqué et vendu grâce au prestige de l'écrivain, mais le Mike Hammer de Spillane, celui de ses romans, est bien reconnaissable dans le personnage du privé joué dans ce film par Ralph Meeker, et il est bien le héros positif de leur film. 

Excellent dans le rôle, Meeker est un acteur issu de la scène de Broadway, où il joua, après Brando, A Streetcar Named Desire. Il donne au comportement du détective une tonalité plus énigmatique, si on le compare à Biff Elliott qui joue le role en 1953, ou à Spillane lui-même qui l'incarnera en 1963, ou encore à Stacey Keach bien plus tard. Il est pour beaucoup dans la bonne appréciation que nous avons du film. Meeker a un charisme dans ce film d'autant plus mémorable qu'on ne le retrouvera guère dans le reste de sa filmographie, comme si, pour des raisons inexplicables, il s' estompait peu à peu à mesure que sa carrière progresse (plutôt d'ailleurs à la télévision qu'au cinema).

(Notule de 2022 publiée en décembre 2024).

Premier opus Mike Hammer : J'aurai Ta Peau - I The Jury 1953 Harry Essex.

Deuxieme opus Mike Hammer : En Quatrième Vitesse - Kiss Me Deadly 1955 Robert Aldrich.

Troisième opus Mike Hammer : My Gun Is Quick 1957 Victor Saville. (Non édité en France).

Quatrième opus Mike Hammer : Solo Pour Une Blonde - The Girl Hunters 1964 Roy Rowland.

Michael-Faure
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le 18 déc. 2024

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