Un peuple alien, les Boov, décide de venir habiter la terre afin de fuir les Gorgs. C’est dans ces conditions que vont se rencontrer un jeune Boov gaffeur et une jeune fille espiègle pleine d’entrain. Lui doit tout faire pour sauver la terre et elle, va devoir retrouver sa maman. Les deux comparses vont devoir s’entraider dans leur tâche. Et c’est à cette entreprise que nous les suivrons tout le long du récit.
Partant d’un scénario peu original, on mettait notre confiance en Dreamworks à qui l’on doit quelques beaux moments de l’animation numérique des années 2000 avec notamment « Shrek », « Dragons » ou « Madagascar », pour y injecter cette petite folie qui leur était propre. On espérait être surpris par ce film d’autant plus qu’il ne s’agissait ici ni d’une énième suite ou d’un spin-off comme l’était « Les Pingouins de Madagascar ». Mais rien ne vient sauver le film du désastre.
Le film est à l’image de son esthétisme relativement peu inspiré. Il nous offre à voir un monde doux, dont tous les angles aigus auraient été arrondis afin de ne blesser personne. Un petit univers sirupeux à l’image de la voiture trafiquée dont l’essence a été remplacé par les turbines à granitas. En voilà une bonne idée ! Et le film en comporte pleins d’autres, mais la manière dont elles sont présentées n’enchante guère. Elles apparaissent comme une obligation scénaristique, comme un cahier des charges qui aurait été bien rempli. Le film nous livre un univers préfabriqué, n’y insufflant pas le charme nécessaire qui aurait permis notre émerveillement. Il déroule son scénario en trois temps, allant du point A, au point B, puis au point C et ainsi de suite, sans sembler y prendre aucun amusement, ou nous en faire éprouver.
Les semblants d’enjeux sont très vite dressés, les personnages sont présentés en deux ou trois scènes et le film fuse jusqu’à sa fin. Sauf qu’on n’a à aucun moment le temps de s’attacher au binôme car on en apprend très peu sur eux, hormis à deux ou trois reprises où l’on s’attarde sur leurs émotions et qu’apparaît un semblant d’empathie à leur égard. Mais pas le temps, l’action redémarre de plus belle. Et entre chaque péripétie majeure, les séquences sont comblées par des situations où l’humour fonctionne très mal. Qu’il soit de situation ou de langage, le comique a bien du mal à s’installer et le film peine à faire ne serait-ce que sourire. Le film arrive même à saboter ses quelques bonnes idées, comme par exemple le fait que ces Boov à l’égo surdimensionné soient un peuple dont la lâcheté est une vraie fierté, en les transformant en une sorte de running gag lourdingue. Par ailleurs le jeune Boov est affublé d’un verbiage horripilant et forcé qui ennuie dès les premières secondes. C’est donc complètement lessivé que l’on arrive en bout de course de cette histoire dans l’incapacité d’être réceptif au geste de tendresse final.
Les nobles thèmes qui parcourent le long-métrage, la force qui réside dans la différence et l’importance des liens familiaux sont totalement survolés et ne demeurent qu’un moteur scénaristique servant la morale finale, rien de plus. Et c’est bien dommage pour un film doté d’une héroïne noire, première fois dans un film d’animation de cette ampleur. On pense assez rapidement au « Lilo et Stitch » de Disney, auquel « En route ! » ne vient rien ajouter.
Le travail de Lorne Balfe sur la musique est plutôt bon, mais impossible de l’apprécier pleinement, pour la simple et bonne raison qu’elle est parasitée par les morceaux à plein régime de Rihanna qui surviennent toutes les 10 minutes de film dans le but de créer un semblant de rythme inexistant dans la narration.
Un film clairement adressé aux enfants qui laissera les plus des 10 ans sur le bas côté. Malheureusement, sur la trentaine d’enfants présents lors de la projection, aucuns n’ont eu de réaction à l’intérieur ou à la sortie de la salle. Pas d’échanges ou de petites réflexions habituelles des bambins qui s’amusent du film qu’ils viennent de voir.
Si l’animation de ces petites choses d’un mauve un brin hideux est parfois sympathique et révèle quelques articulations amusantes, elle est bien trop simpliste pour rivaliser ne serait-ce qu’un instant avec ses confrères. Le film déroule son scénario sans aucune surprise de la plus pâle des façons, sans aucune âme. Un film coloré, et acidulé mais sans saveur. Une déception immense dont on était en droit d’attendre bien plus, qui survient peu de temps après le très bon « Dragons 2 ». Un coup dur pour Dreamworks Animation dont on attend dorénavant les suites de « Dragons », « Les Croods » et « Kung-Fu Panda ».
Critique sur CinéComÇa