Une certaine presse cinéma, confortée par le ressenti des spectateurs, avait hissé DreamWorks Animation au sommet de la hiérarchie du film en image de synthèse, détrônant au passage l'association Disney/Pixar. Leur impressionnante série de réussites incontestables (Les Cinq légendes, Kung Fu Panda, Dragons, Les Croods, Madagascar 3, Les Pingouins de Madagascar), pouvait, en effet, le laisser penser. Mais tout cela a été un peu hâtif, jugement conforté par leur dernière livraison : En Route.
Car si DreamWorks se targuait de faire des films plus adultes, force est de constater qu'ici, la direction prise est celle à même de satisfaire les 4 - 8 ans, avec son discours naïf et niais sur la peur de l'inconnu et les vertus de la mixité. L'humour côtoie quant à lui le 36ème dessous, entre le scato et le navrant de CM2, voire l'embarrassant. Là où il y avait matière à livrer quelque chose d'haletant, enlevé et un peu noir (le déplacement des populations humaines), En Route mise sur les couleurs vives, l'aspect mignon de sa race extra-terrestre au design mou et mille fois vu, les bons sentiments familiaux et le confortable, de peur de s'aliéner son coeur de cible. Quand on n'est même pas foutu de prendre des risques et d'appliquer les vertus que l'on prône, ça crève un pneu.
DreamWorks ne se rattrape même pas aux branches de l'aspect technique. Même si elle n'est pas à la rue, la direction artistique est d'un anonyme à pleurer de rage. Hormis quelques décors exotiques assez léchés, rien à l'horizon n'attire l'oeil. Les personnages sont quant à eux stéréotypés et définis tout en rondeur, sans aucune originalité. La race alien dont est issu le héros est, elle, détestable, virant les habitants d'une planète pour s'y installer sans gêne, tel le coucou qui vire les oeufs du nid de l'oiseau qu'il est venu parasiter.
Cependant, la frustration est un peu atténuée par certaines scènes qui sortent du lot et, surtout, par les vingts dernières minutes que l'on jurerait piquées à un autre film et victimes d'une greffe contre nature, tellement les changements subits d'atmosphère et d'enjeux sont patents. Mais là encore, DreamWorks retombe vite dans ses travers : personne ne meurt (même si cela en a tout l'air) et on découvre que le méchant, bah, il est pas méchant. Et tout se termine, bien sûr, en fête neuneu où tout le monde sourit, permettant au passage de faire la retape pour le prochain album de Rihanna, vu qu'elle a écrit quatre titres pour le film et prête sa voix à la petite héroïne.
En passant, signalons que la BO est aux fraises et les fameux titres de Rihanna au mieux transparents, au pire insupportables, sentant à plein nez le véhicule marketing pour permettre à la méga star de fourguer quelques palettes supplémentaires de ses albums rances aux fans peu regardants. Et dire que certains hurlent à la prostitution face à la société de consommation devant deux ou trois placements produits, il y a de quoi rire.
En résumé, si tout n'est pas à jeter et que le film est loin d'être une daube, En Route vous satisfera seulement si vous faîtes moins d'un mètre vingt.