Sola, Modogo, Mama Kashinde, Papa Sylvain, Bozi, Président Lemalema et tant d’autres se battent depuis plus de 19ans (le tournage s’est déroulé en 2018) pour faire reconnaître leurs droits, ceux des victimes de guerre. Face à l’inaction de leur gouvernement, ils demandent réparation pour les préjudices subis. Victimes collatérales de la "Guerre des six jours" où, en juin 2000, deux armées étrangères s’étaient livrées à des affrontements meurtriers sur le sol congolais.
Dans la petite bourgade de Kisangani en République démocratique du Congo, l'armée ougandaise et rwandaise se sont livrées une guerre sans merci, avec pour conséquences, plus de 1000 morts et 3000 blessés, dont la majorité était la population civile. Près de 20ans après ce drame, ils se battent pour faire reconnaître leur droit. Excédés par l’inaction de l’État, invalides, paralysés ou estropiés s’unissent pour faire entendre leur voix et vont aller jusqu’à parcourir plus de 1700km sur le fleuve Congo pour rejoindre la capitale Kinshasa et tenter de se faire entendre par les pouvoirs politiques (il faut savoir qu’en 2005, la C.I.J. (la Cour Internationale de Justice) a condamné l’Ouganda à dédommager la ville de Kisangani, ainsi qu’à verser l’équivalent d’un milliard aux survivants des victimes (d’où le titre du film), sauf qu’à l’heure d’aujourd’hui, rien n’a été fait).
C’est pendant le tournage de son précédent film (Maman Colonelle - 2017) que le réalisateur Dieudo Hamadi prendra connaissance de cette association locale qui vient en aide aux victimes collatérales de cette guerre. A travers son nouveau film, il décide de les suivre dans leur périple, un road-movie éreintant puisque ces dernières sont contraintes (pour des raisons évidentes de budget) de rejoindre la capitale non pas en avion mais en bateau. Un trajet dans des conditions déplorables, encore plus pour des personnes infirmes. En route pour le milliard (2020) nous évite l’écueil de pathos et nous montre à quel point la force et la résilience peut les unir face à l’inaction du pouvoir.
Une mise en scène qui alterne avec quelques mises en scène théâtrales où les victimes jouent leur propre rôle. Cette tragique histoire résonne en lui, puisque Dieudo Hamadi est originaire de Kisangani. Il en résulte à la fois une œuvre de mémoire et un chemin de croix pour les survivants, en quête de reconstruction et d’avenir, profondément humain et dénué de pathos.
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