James King, c’est le milliardaire King Size, l’homme d’affaire au nez creux, à la maison de rêve, à la femme sublime. C'est un peu le Trump pre-président. Darnell, lui, c’est le petit patron d’une société de nettoyage de voitures, où il côtoie James King.
Malheureusement pour lui, son client multidollarisé est condamné pour malversation financière. Il a droit à un répit de 30 jours avant d’aller en prison. Paniqué, il demande à Darnell de l’aider à se préparer à cette preuve. Mais ce dernier n’a jamais fait de prison, malgré ce que son teint noir a laissé croire à King James. Il va tout de même accepter de jouer le jeu pour profiter des richesses de son "élève", afin d’aider sa famille à s’en sortir.
Il ne s’agit donc pas d’une comédie pénitentiaire, si tant est que le genre existe, sur une personne qui découvre l’univers carcéral. Le film se déroule donc avant l’entrée dans les portes du pénitencier, sur ce qu’il peut se passer, en en accentuant bien volontiers le trait. Ces plaisanteries sur le milieu carcéral sont un peu forcées, jouant sur le caractère sexuel des évènements qui s’y passent avec une répétition qui devient assez vite fatigante.
Pour autant, l’humour d’En taule est plus appréciable quand il joue sur les différences sociales. Etan Coen réalise son premier film, mais c’est un scénariste habitué des films et séries satiriques, tels que Beavis et Butt-Head, King of the Hill, Idiocraty et Tonnerre sous les tropiques, de bonnes références tout de même. Et cela se sent, notamment quand il égratine quelques conventions.
Le film réussit si bien à se moquer des riches, qu’on aurait aimé qu’il ne tourne qu’autour de ça. Certains gags sont très bons, comme quand l’un des dirigeants déclare, le coeur enflammé, qu’il s’est fait tout seul. Avant d’ajouter que c’est aussi grâce aux 8 millions de papa (tousse commeTrump tousse). Ou quand ils se plaignent de leurs problèmes de riches. Et il y a ces occasions manquées, comme le domicile de Jack King transformée en prison d’exercice, avec l’ancien personnel bien content de pouvoir se venger de leur patron, qu’on aurait aimé voir plus longtemps.
Will Ferrell incarne à merveille ce patron un peu hautain mais aussi maladroit et désespéré par son arrivée en prison. Son endurcissement est bien amené, surtout quand il s’impose face à d’autres gangsters de la rue, grâce à ses talents en affaires financières. Kevin Hart qui joue Darnell n’a pas la même force d’exposition, son rôle étant plus limité à l'écran malgré son importance. Néanmoins, l’alchimie entre les deux finit par arriver, notamment grâce à un repas en famille qui permet d’amener Darnell vers une nouvelle direction. Parmi les autres acteurs, il faut signaler Allison Brie, si charmante dans l’excellente série Community, qui joue ici la future femme de James King, vénale mais fortement sexy.
Le film prenant le contexte de la crise économique, il est dommage qu’il n’appuie pas plus dessus, pour mieux critiquer et se moquer, les quelques traces présentes de cet humour étant les plus réussies. Le mode d’emploi de la taule étant un peu décevant, trop souvent dans le cliché sans imagination. Mais c’est un régal de retrouver un Will Ferrell en grande forme, dans un rôle sur mesure. On n’y rit pas autant que le film aimerait, mais En taule : mode d’emploi se révèle une appréciable comédie.