Deux mois après tout le monde, j'ai regardé Encanto, qui bénéficiait d'assez bonne critiques , ainsi que d'articles sur le fait que We Don't Talk about Bruno était le nouveau Libéré ,Délivré. Par curiosité j'avais été regarder sur YouTube la chanson en question, je l'ai pas trouvée ouf, mais le peu du lore de Encanto que le clip me délivrait semblait assez cool. Du coup, je partais assez confiant sur ce film... et à vrai dire j'ai trouvé même ça mieux que ce à quoi je m'attendais.
Alors, oui, on est de retour pour du "Disney autour du monde" avec ici un film se déroulant en Colombie, ce qui fait plutôt plaisir. Je gardais un assez mauvais souvenir d'une des précédente fois où Disney avait évoqué l'Amérique du Sud.
Le film pourrait être casse-gueule et dès le départ, il dégaine son principe (toute une famille est investie de super-pouvoirs sauf l'héroïne et tous vivent dans une maison magique) dans une chanson explicative qui va à 100 à l'heure. Parce que l'univers d'Encanto est assez touffu : la famille Madrigal compte trois enfants et 6 petits enfants (sans compter les pièces rapportés) et j'ai mis le film entier à tenter de savoir qui était qui, prenant les tantes pour des cousines et les cousines pour des soeurs (en même temps ce sont des personnages en image de synthèse, ils manquent des petites ridules et autres traits qui montrent le passage du temps.) Y a bien un moment où l'on voit l'arbre généalogique mais c'est furtif, et bonne chance pour faire un arrêt sur image au cinéma.
Et pourtant, ça passe niquel : même si on ne retient pas trop les prénoms et la filiation de chacun, chaque personnage a des traits et un pouvoir distinct et très vite notre tête fait le lien entre les deux. Et c'est intelligent car ils ont intégrés cette donné dans la problématique du film : si l'héroïne souffre de ne pas avoir de pouvoir, les autres membres de la famille souffrent d'être réduit à un superpouvoir. On sent aussi que si on avait laissé 4 heures aux scénaristes ils auraient fait une chanson pour chacun des personnages.
A la fin du film, j'avais dit : "Purée, j'ai pas autant kiffé un film Disney depuis Zootopie" et en regardant sur Wikipédia je me suis aperçu... que c'était la même équipe créative. (+ Lin-Manuel Miranda mais on en reparlera...) Et j'aurais du m'en douter : un lore tellement touffu qu'il pourrait servir à une série télé, la progression petit à petit vers le dramatique, la même façon d'insérer des sujets sensibles mine de rien (ici une histoire de réfugiés fuyant la guerre et sans doute une mort horrible hors-champs.) Même le personnage de Mirabel est proche de celui de Judy : c'est une jeune fille ordinaire au milieu de gens extra-ordinaire, mais qui va changer les choses par son humeur positive et son dynamisme. Mais le personnage est une réussite du film : on s'attache à elle immédiatement et on apprend à connaitre son monde à travers ses yeux.
Quant au méchant du film... ha ha, toujours pas de méchants. C'était quand la dernière fois qu'on a eu un VRAI méchant dans un film Disney ? La Reine des Neiges ? Zootopia ? Bref, c'est une nouvelle histoire de gens qui n'arrivent pas à se comprendre et... c'est très bien traité en fait.
Autre truc cool : on ne sait pas d'où vient la maison magique et pourquoi ses habitants ont des pouvoirs. C'est un miracle et c'est comme ça ! Et eux-même ne savent pas d'où ça vient et doivent le gérer. Et purée, ça fait du bien de ne pas avoir de sur-explication, y compris sur le fait que Mirabel n'ai pas de pouvoir. Même si vu le carton du film, je crains qu'ils ne fassent une suite (ou une série) où ils vont se sentir obligés de tout expliquer.
Alors, le film possède certaines lacunes. On a le cliché de la scène gênante où l'héroïne est la seule à voir un truc que personne ne voit et je me demande bien en quoi le mariage d'Isabella avec les Guzan est un deal sérieux pour la famille (ils sont déjà les boss de la ville, c'est pas comme s'ils espéraient une forme d'ascension sociale. Après, ça peut s'expliquer via le fait que pour la grand mère, la fille la plus parfaite de la famille doit épouser le garçon le plus parfait du village.) Il y a des grosses ficelles et des moments que j'ai vu arriver.
A noter que sur la fin je me suis dit :
"Hmmm, leur baraque est détruite. Elle va sans doute se reconstruire magiquement lorsqu'ils se se seront réconciliés. J'aurais écrit le film, j'aurais fait en sorte qu'ils se retroussent les manches et reconstruisent la maison avec l'aide de leur voisins"... et surprise, c'est ce que le film a fait.
Mon camarade Dave Sheik avait aussi une réflexion pertinente sur les chansons de Lin-Manuel Miranda, c'est que prise indépendamment elles sont trop cool (notamment Dos Oruguitas qui est ultra-touchante et qu'ils ont eu le bon gout de garder en espagnol) mais au fond, elles n'ont pas vraiment de lien entre elles et ça manque d'un thème commun. C'était effectivement le cas dans Vaiana et c'est encore plus le cas ici où chaque chanson est limite dans un style différent.
Personnellement, je les trouve un poil trop complexes pour avoir envie de les chantonner en dehors des refrains. En même temps, c'est par elles que des informations importantes pour le film passent.
Bref, je suis super content de l'avoir vu et écrire cette critique 6 jours plus tard me rappelle à quel point j'ai VRAIMENT bien aimé ce film, limite plus que je ne devrais.
PS : Y a que moi qui me dit que les pouvoirs de la famille Madrigal ne doivent pas fonctionner si bien que ça ? D'une part, Luisa s'entraine tous les matins à soulever des Haltères alors qu'elle possède déjà une super-force (vous imaginez Superman aller à la salle de muscu, vous ?) D'autre part Julieta fait des pains qui guérissent de toutes les maladies... mais sa fille est la seule à être myope.