J’ai tout oublié du film, sauf une histoire de tartelettes assez géniale. Encore n’arrivé-je jamais à m’en rappeler convenablement. C’est bien simple pas plus tard qu’hier j’ai voulu la raconter à la petite-nièce de mon futur ex-voisin d’en-dessous (enfin pas vraiment en-dessous, je simplifie), eh bien ça m’a pris six minutes pour reconstituer l’articulation. Vous vous rendez pas compte, vous êtes vieilles et vieux (alors que moi pas), mais pour une enfant de… J’en sais rien, moi, entre 3 et 16 ans, qu’a été nourrie à Netflix 4k en fibre optique et à la Playstation — enfin l’équivalent des Playstation de son époque — six minutes, c’est énorme, c’est une plus grosse fraction du temps qu’elle a déjà passé sur terre que pour vous !
C’est donc pour me faire pardonner de Léa (elle ne s’appelle pas du tout Léa, je protège son anonymat) que je fixe cette histoire de tartelettes une fois pour toutes, et je dédie cette critique à Léa même si c’est pas son vrai prénom.
Dans le scénario une étudiante tourne autour de son prof de philo, tandis qu’elle fricote avec un jeune homme de son âge. L’un des deux hommes apporte un jour quatre tartelettes pour leur goûter (?) à trois. Disons deux au citron et deux au chocolat.
- Le jeune homme prend une tartelette au citron (restent 2 chocolat et une citron).
- Le prof prend une tartelette au chocolat (restent une chocolat et une citron).
- L’étudiante prend la tartelette au citron (reste une chocolat).
Le lendemain (?), l’étudiante reparle avec son professeur de cette histoire et lui présente ainsi son analyse :
- Le jeune homme a choisi une tartelette au citron en supposant que chocolat était le parfum le plus apprécié, et que laisser une tartelette au chocolat à chacun.e des deux autres les satisferait ;
- Le philosophe a choisi une tartelette au chocolat pour laisser à l’étudiante le choix entre chocolat et citron ;
- L’étudiante a pris la tartelette au citron parce qu’elle sait que le jeune homme préfère le chocolat : en laissant la tartelette au chocolat elle lui donne la possibilité de changer d’avis.
Mais le jeune homme n’a pas changé d’avis. Elle-même, l’étudiante, n’aime pas trop le citron. À supposer, conclut-elle, que le professeur ne raffole lui-même pas du chocolat, alors personne n’aura choisi son parfum préféré.
Et je trouve ce constat doux-amer/chocolat-citron magique.
[Note de plus tard: j'ai un doute. C'est pas impossible que le professeur change d'avis à un moment. Peut-être quand tout le monde s'est servi, pour rouvrir les choix. Mais je reste sûr de la conclusion, Léa peut être soulagée et vous avec elle!]