Jusqu’à ce que la fin du service nous sépare
Film complètement fou. Porté par un réalisateur/scénariste et deux acteurs au sommet, End of Watch est une curiosité en plus d’être un film très puissant sans oublier cette réalisation presque expérimentale. On a ici l’archétype du film coup de poing même s’il ne confine pas aux sommets du genre la faute à une absence de réelle originalité (j’y reviendrais) et à quelques longueurs, End of Watch offre tellement de moments forts qu’il demeure un visionnage INDISPENSABLE.
Commençons par le commencement. L’expression « End of Watch » est utilisée par l’officier de police américain pour conclure le registre où il y liste ses interpellations, un registre qu’il doit remplir à la fin de chaque service. Toutefois, il a aussi une connotation plus sombre, elle peut être employée à la mort de l’officier dans l’exercice de ses fonctions. Voilà pour la touche culturelle, à utiliser quand vous irez voir le film avec vos potes ou votre famille ou mieux, votre moitié. « Ben ouais, chérie, moi je lis le blog de Marvelll, je m’instruis beaucoup avec. Tu lis quoi toi? Le Monde, pfff, des amateurs à côté de Marvelll. ». Profitez-en pour me faire un peu de pub pour commencer à me rembourser sinon votre dette sera abyssale.
Allez, suffit les conneries, passons à un sujet plus sérieux : l’histoire du film où le tournage s’est déroulé à South Los Angeles (aka South Central), un quartier de L.A. pas pour les Bisounours. Pour la légende, il paraît qu’un Bisounours y a fait un petit tour, on l’a retrouvé démembré dans la chambre d’un enfant de cinq ans… Brrr, fait pas bon d’y vivre pourtant le réalisateur David Ayer, originaire de ce quartier, y retourne pour y poser ses caméras. D’ailleurs en parlant de caméra, le film est original par sa manière d’abandonner une mise en scène classique et aborder celle proche du found fountage mais attention, allergique au genre, il y a toujours une caméra portée à l’épaule prête à suivre les acteurs dans leurs scènes.
En fait, David Ayer ne s’emmerde pas et multiplie les prises de vues. Pour ce faire, il a équipé ses deux acteurs principaux de caméra pour un total de quatre caméras filmant en simultané. Le résultat est absolument détonnant et vaut largement la prise de risques. Mention spéciale aux scènes d’actions qui connaissent un second souffle à l’aide de vues subjectives surpassant sans mal celles de l’adaptation de Doom. Une performance qui m’a laissé sur le cul et qui dynamite l’immersion. De plus, en adoptant ce procédé, David Ayer en a profité pour donner à son film un côté plus humain en simulant le documentaire rendant le film encore plus époustouflant. C’est vraiment un sans-faute de ce côté.
Mais cela ne pouvait pas fonctionner sans un duo d’acteurs quasiment fusionnels. Ne dissertez pas, c’est fait. Je n’y croyais pas vraiment mais Jake Gyllenhaal (bien aidé par son expérience sur Jarhead) et Michael Peña sont géniaux, formant un couple aux nombreuses frictions, à l’humour ravageur et aux débats humains, l’un ne pourrait pas exister sans l’autre. Le résultat à l’écran rend très bien et surélève le niveau du film. Il aura tout de même fallu aux deux acteurs de suivre un entrainement policier intensif durant 5 mois. Cela aura au moins permis aux acteurs de développer cette complicité dont je vous parlais. On ne s’étonne donc pas en apprenant qu’ils sont devenus amis dans la vie.
Comme support pour le côté réaliste du film, le vétéran Jaime Fitzsimons a été engagé, lui qui fut officier pendant 15 ans et il déclare même « Je pense qu’en découvrant la manière dont David a écrit et filmé cette histoire, les officiers de police et les habitants du quartier vont se dire : « Enfin ! »" (source Allocine). Mais malgré toutes les qualités du film, j’ai eu du mal à y trouver de l’originalité hormis pour la réalisation car tout a déjà été abordé dans la série culte The Shield. Le film souffre aussi de quelques longueurs, il aurait beaucoup gagné à être coupé de quelques minutes vers le milieu.
Pour le fun, soulignons la présence d’America Ferrera, illustre interprète la Moche Betty dans un rôle à contre courant. Une jolie performance.
SPOILER SPOILER - LA FIN
Franchement, même si je suis un partisan des fins nihilistes. J’espérais sincèrement que ces quatre gangstas ne s’en sortent pas. C’était tellement dur de se terminer de cette manière-là avec ces quatre-là qui rigolent et nos compagnons à terre (je n’arrive pas à me retirer de la tête ce plan avec Peña regard au coin et les gangstas armés au dos), la fusillade l’exécution qui suit devient furieusement jouissif. J’ai beaucoup aimé cette fin qui se termine par un souvenir heureux… rendant la perte encore plus forte. Une dernière tentative d’originalité payante de la part de David Ayer.
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