Mine de rien, David Ayer monte doucement en puissance et se place de plus en plus comme un réalisateur et un scénariste à suivre : Bad Times, Au Bout de la Nuit, Sabotage, Fury... Des oeuvres fortes et puissantes portées à bout de bras, ce que ne viendra pas contredire ce End of Watch proposant au spectateur de littéralement coller aux basques du quotidien de deux policiers patrouillant dans les quartiers chauds de South Central.
Ayer choisit de suivre ses personnages tête-brulée tantôt caméra à l'épaule, tantôt en format found footage tout au long de leurs interventions. Si l'immersion totale est de mise, électrisant l'action, le procédé tient en certaines occasions de l'à peu près du fait, justement, de l'alternance de la source des images et donc du point de vue qui peut s'en trouver brouillé. Cependant, ces séquences nerveuses entraînent sur le terrain et décrivent plutôt bien la réalité et les difficultés que Jake Gyllenhaal et Michael Peňa, exceptionnels de justesse dans leur relation, rencontrent.
Comme pour désamorcer cette tension, Ayer alterne ces scènes avec des moments de connivence et de complicité entre les deux héros, dans la voiture ou dans les bureaux de la police, décrivant une relation quasi fusionnelle qui déborde sur leur vie privée, donnant ici la véritable signification du mot famille. Entité dont chaque membre protège les siens autant que chose précieuse et fragile dont l'isolement signifie la mort. Cette alternance permet à David Ayer de construire une véritable chronique policière, plus qu'un pur film d'action ou un polar noir et poisseux. Et de faire comprendre que ses héros, constamment menacés, ont beaucoup à perdre : des amis, des collègues, mais surtout une femme qu'ils aiment et des enfants. Il réussit ainsi à tendre les enjeux de son film au cours d'une dernière demi-heure nerveuse et haletante entre images chocs, sentiment de danger immédiat et traque mortelle.
ATTENTION SPOILER
Quant aux ultimes minutes de l'oeuvre, elles font encore un peu plus s'attacher aux deux personnages : une anecdote savoureuse, des éclats de rire et une évocation des êtres chers, c'est le souvenir que l'on veut garder, celui des jours heureux, telle une fleur s'épanouissant dans les ruines.