Enfance clandestine par Sheffie
Je ne peux pas m'empêcher de me dire, au vu des notes, des critiques, et des réactions des spectateurs, que j'ai dû louper quelque chose.
Je me suis rendu dans un cinéma latino dans Paris pour aller voir ce film. Petit cinéma, bien hipster comme il fallait, avec des vieilles affiches de film un peu partout et un décor boisé de l'ancien temps. Bref, une ambiance intime, quoi. Qu'on se le dise, le cinéma était très beau.
Mais quand même, tu le sens, là, le conditionnement vicieux ? "Les films qu'ils passent ne peuvent décidément pas être de la merde, c'est bien trop classe pour ça." J'aurais bien aimé voir ce genre de film passer dans un cinéma grand public pour juger des réactions et pour avoir une note globale un peu plus représentative des masses.
BREF.
Le film commence donc, et là, j'ai su. J'allais détester cette expérience, tout dans cette image et dans ce son puait l'orgueil, mais je suis quelqu'un de plutôt ouvert (enfin j'essaye): je me suis efforcé de ne pas conserver cette première impression et de me laisser bercer, de jouer le jeu, de rentrer dans le film.
Je n'y suis pas parvenu. Impossible de me départir de ce pragmatisme tenace qui me pousse à apprécier autant la qualité cinématographique (en termes de technique), que le message passé par le réalisateur ou la qualité artistique apposée (quasiment imposée, dans ce cas précis) aux images. "Hé, hé, t'as capté le flou artistique ? T'as vu le gros plan ? C'est beau hein ? Oh la vache, un oeil! Faisons un gros zoom sur cet oeil d'enfant pour en capter tout le détail pendant 10 bonnes secondes".
Non, c'est à chier. J'ai eu l'impression de me revoir la première fois que j'ai eu un appareil photo en mains. Je me prenais pour un véritable artiste simplement parce que je prenais en photo des fleurs en gros plan. "Ôôôôôh, c'est zouliiiiiiii ! "
Déjà, donc, point négatif pour la technique.
Et le reste ? L'histoire était intéressante. On comprend bien la volonté du réal de ne pas montrer autre chose qu'un contexte particulier de l'enfance, que le titre du film décrit bien d'ailleurs. Fi donc des histoires de "vieux": ses parents sont versés dans des magouilles clandestines dont on ne perçoit pas trop les contours, mais on se concentre sur l'histoire du gosse. Amoureux, celui-ci essaye de vivre une vie à peu près normale, malgré le lourd poids du secret.
Objectivement, c'est une approche originale et intéressante. Beaucoup aimeront, je le conçois, et c'est une question d'opinion. Mon opinion, à moi, c'est qu'on est dans quelque chose de beaucoup trop intime pour pouvoir l'apprécier. Les rêves pré-pubères du gosse, on pouvait s'en passer. Encore une fois, le réal nous force dans l'intimité de Juan (ou d'Ernesto) sans nous laisser aucune liberté de penser, aucune liberté d'interprétation.
C'était déjà assez relou avec la caméra et ses gros plans sans en plus en rajouter sur l'histoire. Ca va bien un moment, ah mais !
EN REVANCHE: les acteurs sont absolument sensationnels. Un peu moins pour le père du gamin, mais tous les autres sont impressionnants de réalisme et d'authenticité. C'était un des rares points positifs que je me devais tout de même de souligner, pour être fair.
Mais bon, manifestement, je n'ai pas tout saisi. Certaines scènes faisaient considérablement marrer l'audience, mais pas moi. Et qu'on se le dise, je suis vraiment très bon public. Le seul moment de la séance qui m'a fait vraiment pouffer de rire est quand un pet tonitruant a retenti à quelques rangées derrière moi lors d'une scène triste. Rien que pour ça, je n'ai pas regretté d'être venu. Mais pour le reste, ben... bof, quoi.
Je donne la moyenne, mais c'est 3 points sur 3 pour les acteurs. Et deux point bonus pour le cinéma qui était super classe.