Comment vendre le film sans se contenter de le raconter ?…
C'est très difficile car c'est vraiment tout ce qui y est raconté qui m'a captivé et je sens que je vais avoir du mal à ne pas tomber dans ce travers.
Le protocole du film est très simple : Herzog mélange des images d'archives avec des images contemporaines, dans lesquelles il revient sur les lieux emblématiques de sa relation à Klaus Kinski et s'y filme parler, s'adressant soit au spectateur, soit à des interlocuteurs.
Werner Herzog / Klaus Kinski, c'est une relation très particulière, très singulière et sans doute très intime.
Clairement, ils sont devenus amis, lorsqu'ils ne se sont pas vus depuis longtemps, ils sont heureux de se retrouver (cf images du festival où ils se font interviewer en même temps). Et pourtant !…
C'est l'acteur fétiche de Werner Herzog, c'est une relation intime, faite d'amour et d'haine tout à la fois. Herzog raconte qu'il a voulu tuer Kinski à plusieurs reprises, c'est assez dingo.
Kinski arrivait à obtenir d'Herzog qu'il devienne cinglé, et Herzog arrivait à obtenir de Kinski qu'il arrête un peu d'être cinglé deux minutes, le temps de tourner un film.
Le film montre comment Herzog a fini par savoir comment appréhender Kinski pour pouvoir tourner des films avec lui. Il accepte les crises de colère de Kinski (voir extrait du making-of où Herzog laisse Kinski s'engueuler avec un technicien, on voit qu'il a l'habitude), sait comment les gérer, sait même comment les provoquer au moment approprié (car il y en a), et leur relation a évolué au point qu'Herzog a à peine besoin de parler pour diriger Kinski. D'ailleurs, Herzog imagine qu'ils auraient aussi bien pu intervertir les rôles, que ç'aurait été pareil : pour Fitzcarraldo, Kinski aurait pu diriger Herzog aussi bien qu'Herzog n'a dirigé Kinski… en tout cas c'est ce qu'il dit !
Ce film est à la fois le portrait de Kinski, le récit d'une relation amour/haine comme on en a rarement vus, mais aussi le récit d'une relation très intime. Un moment assez symbolique de ça, et très fort, c'est le moment où Herzog nous raconte qu'il a pratiquement co-écrit le passage de l'autobiographie de Kinski où il dit le plus grand mal d'Herzog…
Il y a aussi des choses sur Herzog lui-même, comme le moment où il raconte que personne ne croyait, pas même Kinski, que la production de "Fitzcarraldo" n'arriverait à acheminer le bateau sur la côte. C'est touchant, ce passage où il parle de cette solitude absolue.