Ennio de Giuseppe Tornatore est bien entendu un documentaire hagiographique, très chronologique, qui ne révolutionne rien dans la mise en scène mais on apprend tellement. Notamment que Ennio Morricone était un très bon joueur d’échecs. On apprend également tant sur son parcours, ses maîtres, notamment Goffredo Petrassi. Tous les plus grands lui rendent hommage, Clint Eastwood, Quentin Tarantino, Quincy Jones... Sa musique, enfin parle pour lui.
On ne peut pas rester indifférent dans ce documentaire qui laisse une place prépondérante à son sujet. En effet, Ennio Morricone intervient tout le long au cours d'entretiens intimistes avec le réalisateur. On le découvre au début du film, affairé à son activité physique matinale au réveil, où après quelques pas vifs à travers son salon, il s'adonne à des étirements. Mais sa véritable activité, c'est la composition. On le voit avec une grande portée, composer, écrire des notes inlassablement et cela est fascinant. Le compositeur comme artisan, simplement armé de son crayon et de papier, sans la trace d'un moindre ordinateur.
Du trompettiste frustré qui rêvait d'être médecin, au compositeur mondialement reconnu, de nombreuses étapes jalonnent son parcours fascinant. Les arrangements pour les disques de variété de la RCA. La musique expérimentale contemporaine avec ses pairs. Mais bien entendu, la musique de film avec ses thèmes plus mythiques les uns que les autres. On entend avec grand plaisir les airs les plus connus, issus notamment de sa collaboration avec Sergio Leone. Mais on découvre aussi tant de musiques composées par ses soins dont on ignorait l'origine. On découvre aussi les influences du compositeurs. D'un rythme anodin de manifestation, à la très sérieuse symphonie de Psaumes de Stravinsky qui irrigue la bande originale des 8 salopards de Tarantino.
On découvre également un homme très sensible, qui a une écoute des autres très profonde, et surtout, une compréhension du cinéma très fine. Un homme modeste, toujours étonné de sa reconnaissance et pas toujours sûr de son talent. Mais surtout, un infatigable travailleur. Complexé un peu au début de gagner sa vie en jouant de la trompette. Puis également un peu honteux de faire de la musique de film, après les propos désapprobateurs de son maître et de ses confrères, qui considèrent cet art comme mineur. Mais au fur et à mesure, ce dernier assume cette vocation puis l'embrasse totalement, en usant de moyens toujours plus sophistiqués dans ses bandes originales.
Le film parfait pour qui aime la musique et le cinéma. Ciao maestro, votre musique reste avec nous en revanche !