Le documentaire de Tornatore est assez intéressant. Il retrace toute la vie du compositeur de son enfance à sa mort, en passant par ces études et ses heures de gloires. Mais si ce documentaire était un livre, ce serait un bon pavé. Car mon Dieu, que c’est long ! 2H36 ! Somme toute, assez classique sur le fond, le documentaire se révèle être particulièrement hagiographique tant tous les invités semblent vouloir saluer la mémoire du « maestro ».
Evidemment, quelle carrière ! Des films de Luigi Comencini, de Bertolucci, de Roland Joffé en passant par Terence Malick et bien sûr, Sergio Leone, Morricone a composé de grandioses musiques de films et c’est évidemment une joie de réécouter ces bandes originales mythiques.
Giuseppe Tornatore, rend hommage à son ami et collaborateur Ennio Morricone, retraçant la vie et l'œuvre du compositeur légendaire. Le film se construit comme un entretien avec le compositeur, lequel se remémore sa vie. Les témoignages de proches, d’amis, de collaborateurs et d’admirateurs célèbres alternent avec les captations filmées de ses concerts. Le documentaire est assez classique sur la forme, mais après tout, cela fonctionne bien. Le réalisateur sait mettre en valeur la longue et riche vie du compositeur italien.
Ce qui est le plus intéressant (selon moi) et ce que j’ignorais est tout son travail autour de la musique expérimentale. Morricone a fait des bandes originales assez classiques, comme celle magnifique pour ‘Les Moissons du ciel’ de Terrence Malick. Mais le compositeur a surtout fait appel à des sons, des effets assez originaux. Il utilise des bruits industriels, des instruments traditionnels ethniques méconnus et plus tard à des bruits de synthèse. Se souvenir de la mythique bande son du film de Leone ‘Le bon, la brute et le truand’, avec ses détonations, ses sifflements et ses cris de coyotes. Anticonformiste, le compositeur ne s’est jamais laissé enfermer dans un certain classicisme et était capable de certaines audaces. Entendre la bande son métallique et anxiogène du film d’Elio Petri ‘Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon’ ou l’étonnant générique chanté du film de Pasolini ‘Uccellacci e uccellini’.
Tornatore convoque amis d’enfances, chanteurs, admirateurs, producteurs, bref toute personne travaillant dans la musique et ayant quelque chose à dire sur Morricone. On croise Hans Zimmer, John Williams, la fille de Sergio Leone. Tout cela est bien gentil, sympathique mais ils n’ont que leur admiration à la bouche envers le « maestro ». Sur 2h36, j’ai trouvé ça rébarbatif et assez ennuyeux. Ce concert de louange, aussi sincère et mérité soit-il, n’apporte rien quant à la découverte de son travail.
J’ai donc été mi-figue mi-raisin face à ce documentaire, intéressant mais trop long. Evidemment, les inconditionnels seront ravis de découvrir de documentaire. Mais les personnes s’intéressant à la composition musicale seront frustrés de ne pas comprendre comment le musicien travaillait, comment lui venait l’information. L’ensemble est instructif mais un peu superficiel.