Un documentaire consacré à Ennio Morricone, il grande maestro, passe évidemment par un concert de louanges et la répétition du mot "génie", ad nauseam. Ennio, réalisé par Giuseppe Tornatore, est bien entendu une hagiographie mais comment traiter autrement celui que certains n'ont pas peur de qualifier de "Bach ou Verdi du XXème siècle ?" Le film présente autour de 80 témoignages de réalisateurs : Eastwood, Tarantino, Stone, Joffé, Wong Kar-Wai, Argento, Bellocchio Bertolucci ..., de musiciens : Baez, Williams, Zimmer, Springsteen, Metheny ..., d'artistes et compositeurs italiens, et, comme c'est l'habitude, leur intérêt est très variable. Le meilleur du documentaire, c'est davantage l'interview au long cours de Morricone lui-même, de formidables images d'archives et, bien entendu, les extraits de films contenant ses partitions les plus célèbres. Fort opportunément, son compagnonnage avec Sergio Leone est richement illustré, mais Ennio évoque aussi certaines collaborations généralement moins citées avec Elio Petri, Valerio Zurlini, les frères Taviani ou Pier Paolo Pasolini, par exemple (non, Malick et Tarantino ne sont pas oubliés). Le sommet de l'émotion se situe sans doute avec la brève intervention de Joan Baez et les images de Sacco et Vanzetti avec son interprétation de la célèbre ballade. Mais l'on sait également gré au film de rappeler les débuts de Morricone, la période où il travaillait dans les arrangements de chansons de variétés, ses concerts triomphaux et ses compositions de musique expérimentale. Au-delà du fait que le maestro a donné à la musique de film ses lettres de noblesse, ce que l'on savait déjà, les moments les plus précieux sont sans doute ceux où Ennio fredonne a capella quelques uns des airs qu'il a composé et qui sont devenus membres à part entière du patrimoine musical mondial. Oui, c'est un génie pour l'éternité, merci de nous l'avoir rappelé.