L'avantage d'Enquête sur un scandale d'Etat c'est que son intrigue est facile à comprendre. Elle tient sur un post-it dont la bande annonce trompeuse restitue fidèlement le propos. Préférez celle-ci au film. En 2min de BA vous aurez autant de propos qu'en 2h de film. Et avec un peu de chance vous tomberez sur une meilleure BA ensuite. Car sur le fond le sujet n'est pas très développé. On ne suit pas une enquête. Le scandale est révélé dans les premières minutes. Plus de rebondissements ensuite, de doutes ou de questions. Vous n'apprendrez rien de neuf. Le film choisi par ailleurs de rester cantonné à la vision de la source et du journaliste qui recueille ses propos. Réactions politiques ? Médiatiques ? Populaires ? Nada. Bref on ne se ressent pas vraiment le scandale d'état.
Ok. Bon le fond est pauvre. Heureusement le réal a l'idée géniale d'avoir tout donné sur la forme en adoptant un parti pris assez osé : ne pas faire un film. Oui oui. La caméra est là. Elle tourne. Fixe, pas de mise en scène, pas de lumière, pas de montage. Il s'agit juste de capter à peu près ce qu'il se passe (pas grand chose). Jusqu'au choix du format - carré - tout est fait pour rendre l'ensemble plat et froid. Comme si le tout était une succession de vidéosurveillance de bonne qualité.
Et pour rendre l'ensemble encore plus indigeste on ajoute l'absence d'intrigue, d'actes, de péripéties, de développement de personnages. Fort heureusement compensé par des dialogues visiblement improvisés par deux mecs qui discutent en soirée en jetant des lignes de dialogues aléatoires dignes des pires clichés du cinéma français : le célèbre chips, bière, engueulade. La caméra est là elle observe, et ne fait rien.
Bref, un non film. Ah c'est un choix osé. C'est naturaliste. Brut. Plus proche d'un docu ou d'un reportage mal produit.
Vu un dimanche soir, dernière séance, sans m'endormir devant. Un exploit.