Parler de Enter the Void n'est pas chose aisée. On pourrait résumer le scénario ainsi : Oscar et sa sœur habitent à Tokyo, elle est strip-teaseuse/prostituée, il est dealer. Un jour, Oscar se fait courser par la police suite à une dénonciation, se fait tirer dessus et meurt... S'ensuit un délire visuel évoquant l'âme flottante de Oscar à travers ses souvenirs d'enfance, sa relation avec sa sœur et la mort de leurs parents. On y découvre en parallèle un Tokyo gavé de sexe, de drogues et de lumières délirantes.

L'aspect visuel de Enter the Void, la débauche de lumières, d'effets spéciaux et d'effets caméra rendent cette œuvre très plaisante à suivre et totalement hallucinante. C'est évidemment malsain, comme toujours chez Noé, le héros junkie évoluant dans cette ville fantôme où toutes les rencontres fournissent leurs lots de surprises et d'événements violents et étranges. Le rythme commence à se saccader après 90 minutes et l'histoire se retrouve sans cesse entrecoupée par des scènes où la caméra vole et tournoie.

Plus le film avance, plus le délire s'accentue et devient abstrait... Le récit de l'histoire devient secondaire et, finalement, les effets et les sensations visuels ainsi que le ressenti qui s'en dégage prennent le dessus (rappelant le délire sous peyotl de Vincent Cassel dans le Blueberry de Ian Kounen)... jusqu'à ce que l'âme de Oscar se réincarne à la toute fin, réinterprétant ainsi la transmigration des âmes décrit dans le Livre des morts tibétains (évoqué au début du film).

On sent dans ce film les influences du cinéma de David Lynch. Les caméras tournoient avant de littéralement rentrer dans des objets (comme dans la boîte bleue de Mullholland Drive, procédé que Noé utilise à plusieurs reprises dans Enter the Void) la non-linéarité de la narration et la capacité à conférer de l'étrange là où à priori il n'y en a pas. Noé cite également Kubrick et 2001, l'Odyssée de l'espace comme ayant fortement influencé la réalisation de Enter the Void.

Ce film est complexe, étrange, entremêlé, tordu et il est vraiment difficile d'en faire une critique. Ce qui est certain, c'est que Gaspar Noé ne tend pas la main aux spectateurs et nous livre son délire visuel personnel, aussi long soit-il... Au final, il nous pond le junkie-movie ultime, poussé à son extrême, jusqu'au dégoût et à la saturation.

Jan Kounen disait à propos de Enter The Void "c'est un film dont il est impossible de parler, il faut le vivre". Je pense que l'on peut élargir cette considération à l'ensemble des films de Gaspar Noé, qui sont des œuvres qui divisent et qui choquent, qui montrent l'immontrable et qui, par dessus tout, osent. Que l'on aime ou pas, ce film est un grand film, il provoque et il agace autant qu'il fascine et qu'il séduit... N 'est-ce pas là l'apanage des chefs d'œuvres?
javier666
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le 16 avr. 2012

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javier666

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