Once upon a time in Korean moutains...
Soo-il Jeon, professeur de cinéma la plupart du temps, s'accorde des pauses au cours desquelles il réalise des films. En bon représentant de la nouvelle vague du cinéma d'auteur Coréen, il nous sert un récit morose qui nous fait suivre une tranche de vie d'un réalisateur, partagé entre un service qu'il doit rendre à son cousin, son film qui est en cours de montage, et cette femme qui l'obsède. Malheureusement, s'il arrive à faire véhiculer certaines émotions et idées, dont les souffrances cachées d'une Corée d'après-guerre, un côté rural qu'il voudrait être mis plus en avant, une critique envers le cinéma et une éventuelle recherche perpétuelle de l'amour, il a la fâcheuse tendance de noyer l'ensemble dans une mélasse soporifique, qui hormis ces brèves réflexions, ne nous sert qu'une avalanche de plans où personne ne dit mot, voire carrément que des diaporamas d'une Corée montagneuse et enneigée. C'est beau, mais c'est très ennuyeux, et à la longue on finit par regarder sa montre, le tout tirant trop en longueur alors qu'une bonne demie-heure en moins aurait été nécessaire. Bon, c'est son film après-tout, et il se plaint des cuts faits par les producteurs par le biais de son protagoniste, mais il également bon qu'un réalisateur sache de lui-même quand couper son film.
Bref, Entre chien et loup est une œuvre décevante, car d'un synopsis qui en promettait beaucoup, le résultat s'avère poussif, cela étant accentué par ses personnages principaux, mous et antipathiques au point que le spectateur ne leur accorde aucun intérêt. Dans la forme on pourrait le comparer à Somewhere, les deux partageant les non-dits, mais ce dernier avait la chance d'avoir un duo passionnant qui donnait envie de partager tous leurs instants ainsi que voir où ils allaient aller, alors qu'ici c'est plutôt l'envie de quitter la salle qui finit par nous gagner.
A cela on rajoutera une bande-originale particulièrement cacophonique, qui accouplée à cette ambiance neigeuse aurait quelques tendances à nous remémorer les plans les plus agoraphobiques du Shining de Stanley Kubrick.
Jeon maîtrise les images, c'est une certitude, ainsi que la mise en scène dramatique, ce qu'il démontrera durant la scène d'ivresse au bar, mais ça reste trop peu pour que le constat final puisse être positif.
Pour conclure, si vous êtes amateur de non-dits et que vous avez les compétences nécessaires pour en décrypter tous les codes, peut-être cette production vous satisfera-t-elle, mais rien n'est moins sûr. Si vous aimez les longues découvertes d'une facette de la Corée cachée dans les métrages qui atteignent nos contrées, la pellicule vaudra le coup d'œil, au moins pour ça. A l'inverse, si vous aimez le cinéma Coréen qui révèle de nouveaux paysages tout en servant un minimum d'action, vous aurez aussi bien à faire que de vous rabattre sur The Murderer, qui dans le fond avait des idées similaires, ou approchantes, ou encore La petite fille de la terre noire, bien meilleur et sorti un an après celui-ci (qui date déjà de 2006).
Mention spéciale pour Seong-wook Jung, qui bien qu'étant pour la première fois directeur artistique sur un long-métrage, connaît son métier et appuie les visuels avec une maestria qui est une véritable délectation rétinienne.